Partie 4 : L'enseignement et la recherche
La Société Belge d’Orthopédie, dès son origine, a eu la volonté de faire reconnaître la spécialité et de promouvoir son enseignement. Les traces de cette action se retrouvent dans le discours de Robert SŒUR lors de son accès à la présidence en 19551 et dans le rapport de Robert LITT et Robert THYS2 présenté à la séance du 75e anniversaire.
La création des chaires d’orthopédie au sein des universités a débuté avec la nomination de Jean VERBRUGGE à Gand en 1946 et de Pierre LACROIX à Louvain en 1954.
L’enseignement, la recherche et le service à la société constituent les trois missions de l’Université. Néanmoins, la formation des spécialistes vient après les études de base à un moment où le candidat doit être intégré dans le milieu professionnel. Pour que cette formation soit de qualité, une collaboration entre les universités, les hôpitaux universitaires, les hôpitaux généraux, les sociétés scientifiques et les associations professionnelles est nécessaire. En Belgique, le législateur a prévu que la reconnaissance ou agrément des médecins spécialistes soit évalué par une commission d’agrément paritaire composée pour moitié d’universitaires et pour moitié de professionnels avec une présidence alternée. Les associations professionnelles ont par ailleurs pour mission de représenter les praticiens lors des discussions avec les instances publiques.
La mission d’une société scientifique c’est avant tout la diffusion des connaissances et la confrontation des expériences acquises par les chercheurs et les praticiens dans un but d’harmonisation et d’amélioration de la qualité des soins. La société scientifique a une force particulière en ce sens qu’elle réunit les différents acteurs, praticiens professionnels et enseignants universitaires. Si la sélection et la formation initiale des candidats spécialistes restent l’apanage des grands services universitaires, la société scientifique a l’opportunité de pouvoir les réunir et donc d’organiser des activités d’enseignement qui dépassent les particularités des « écoles » liées à chacune des universités. Les premiers cours structurés sont nés avec Orthopaedica Belgica au début des années 1980. La SOBCOT avait une très longue tradition de congrès. La BVOT organisait régulièrement des cours de formation avec invitation d’enseignants de prestige. Les négociations qui aboutirent à la création de la fédération Orthopaedica Belgica ont amené la stabilisation de ces deux activités qui sont devenues communes. C’est ainsi que les congrès et les cours se sont organisés en alternance par le président d’Orthopaedica Belgica pour le congrès et le vice-président pour les cours. La présidence de chacune des sociétés (SORBCOT et BVOT) a été portée à deux ans de façon à permettre cette alternance annuelle au sein d’Orthopaedica Belgica et à chaque président d’assurer les deux tâches (art. 4.1. des Statuts3 d’Orthopaedica Belgica).
Ce chapitre sur l’enseignement et la recherche débute par une mise au point historique et actualisée sur la formation des médecins spécialistes en Belgique4. Nous mettrons l’accent sur le rôle de la SORBCOT. La suite sera consacrée à l’évocation historique des trois grandes écoles francophones.
1. LA FORMATION DES SPÉCIALISTES EN CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE
Pendant longtemps, la reconnaissance des spécialistes a été basée sur la notoriété et éventuellement sanctionnée par l’inscription à l’association professionnelle, la section spécialisée du Groupement Belge des Spécialistes (GBS) dont les statuts ont été publiés au Moniteur Belge du 15 juillet 1954 et dont l’objet était entre autres d’obtenir une reconnaissance légale du titre de médecin spécialiste (article 3 § 1 des statuts). D’après LITT et THYS5, il semble que l’Ordre des médecins ait été sollicité pour valider des attestations de stage valant notoriété mais cela ne fait pas partie des missions de l’Ordre définies par l’A.R. n°796.
Les lois organisant la formation professionnelle menant à l’agrément des médecins spécialistes en Belgique (initialement « agréation ») ont été progressivement élaborées après la publication de l’AR 787 en 1967. C’est une matière évolutive8,9,10,11 dont la dernière modification a été faite par l’arrêté ministériel du 23 mai 201912. Le règlement d’ordre intérieur de la commission d’agrément francophone en chirurgie orthopédique a été approuvé le 14 mai 201913.
La liste des spécialités médicales a été établie par l’arrêté royal du 25 novembre 1991 « établissant la liste des titres professionnels particuliers réservés aux praticiens de l’art médical et ce y compris l’art dentaire ». Cet arrêté a été publié le 14 mars 1992 et également modifié à plusieurs reprises. Le titre de médecin spécialiste en chirurgie orthopédique apparaît dès la première publication de l’arrêté en 1992.
Cette matière a été harmonisée en Europe par des directives établissant l’équivalence des titres professionnels entre les différents pays de façon à favoriser la libre circulation des professionnels tandis qu’au niveau de notre pays, la matière a été partiellement communautarisée en 2014.
Jusqu’à la sixième réforme de l’État (2012-2014), la reconnaissance officielle de la qualité de spécialiste est faite par le Ministre qui a la Santé Publique dans ses attributions (A.R. du 21 avril 1983, modifié par l’A.M. du 30 avril 1999). Cet agrément ministériel, dont les citoyens européens peuvent revendiquer l’équivalence dans les autres pays de la C.E. (art. 5 de la Directive 93/16/CEE du Conseil du 5 avril 1993), est attribué sur avis des commissions d’agrément (une par spécialité dans chaque régime linguistique) instituées par le Ministre ayant la Santé Publique dans ses attributions. Ces commissions d’agrément ont pour mission d’évaluer la validité des plans de stage, la réalité et la valeur de la formation. L’agrément ministériel permet l’attestation de prestations propres à la spécialité de façon à ce que celles-ci soient remboursées par l’Institut National d’Assurance Maladie Invalidité par l’intermédiaire des mutuelles.
En application de la loi spéciale du 6 janvier 2014, le Fédéral garde la compétence de fixer les normes d’agrément des médecins spécialistes. Par contre les Communautés ont acquis la compétence d’agréer les prestataires de soins dans le respect de la norme fédérale.
Le rôle des Universités dans la formation spécialisée est défini par l’arrêté royal du 16 mars 1999 modifiant l’arrêté royal du 21 avril 1983 fixant les modalités d’agréation des médecins spécialistes et des médecins généralistes, publié par le Moniteur Belge du 24 juin 1999.
Le plan de stage est accompagné d’une attestation qui prouve que le candidat est retenu par une faculté de médecine pour la discipline dans laquelle il compte se former. Dans plusieurs universités, la sélection est faite sur base des « concours de spécialisation » organisés par les commissions de sélection des différentes spécialités. L’organisation de la sélection a été harmonisée en Communauté française de Belgique suite à l’Arrêté du Gouvernement de la Communauté française fixant la composition et l’organisation du jury délivrant les attestations d’accès aux titres particuliers des sciences médicales et dentaires du 19 mai 2004.
Les universités assurent un enseignement théorique dans le cadre de la spécialisation et gèrent les programmes de stage de la plupart de leurs diplômés, docteurs en médecine, qui souhaitent se spécialiser. L’enseignement universitaire menant à une spécialisation ou à une compétence s’est appelé jadis « licence spéciale », « diplôme d’études spécialisées » ou « diplôme d’études complémentaires ». Ce sont les commissions d’enseignement facultaires qui fixent les programmes. Depuis 1999, la demande d’agrément, (au sens de l’A.R. du 21.04.1983) doit être accompagnée « d’une attestation qui prouve que le candidat a suivi avec fruit une formation universitaire spécifique… ». La formation universitaire spécifique (FUS) coïncide avec les deux premières années de spécialisation au terme desquelles le candidat reçoit, après contrôle des connaissances, l’attestation de formation universitaire spécifique.
La formation des spécialistes comprend donc outre la principal volet professionnel un volet académique. Depuis le décret « Bologne », en communauté française, la formation académique est sanctionnée par le « master complémentaire » tandis que la formation professionnelle dans sa globalité continue à l’être par l’« agrément ministériel ».
Le rôle de la SORBCOT
Bien avant que tout cela se mette en place la SOBCOT en tant que société scientifique a lutté pour l’identification de la spécialité et pour son enseignement tant dans les études de base qu’en formation professionnelle post-graduée.
Diverses initiatives ont été prises dès les années ’50. En 1955, un cours de chirurgie orthopédique est organisé par Robert SŒUR. Il est fixé à l’avant-dernier samedi de chaque mois. Les séances auront lieu d’abord à l’Hôpital Saint-Pierre à Bruxelles et à la fin dans la clinique privée de Robert SŒUR. Dans leur version initiale elles commenceront à 8 h 30 le matin par une démonstration opératoire suivie d’une discussion de cas. A la fin des années ’70, après la cessation d’activité chirurgicale de Robert SŒUR, les discussions de dossiers seront suivies d’un repas convivial préparé par sa fille, cette activité sociale devenant progressivement l’élément principal de la réunion !
Il avait été proposé dès avant 1955 que la Société Belge d’Orthopédie organise elle-même l’enseignement post-universitaire de la spécialité et une commission d’étude avait été désignée. Cette commission a regretté le manque de proactivité des universités14. Comme en témoigne l’affiche reproduite, la SOBCOT a manifesté un soutien permanent à la formation des candidats spécialistes en orthopédie.
Toujours est-il que des chaires d’orthopédie ont été créées dans les universités. A l’Université de Gand, Jean VERBRUGGE avait été nommé dès 1946 à une chaire de physiothérapie qu’il a élargie à l’orthopédie comme en témoigne l’intitulé de ses notes de cours15. A l’Université catholique de Louvain, Pierre LACROIX a été nommé en 1954 titulaire de cet enseignement qu’il cumulait avec celui de l’anatomie. La chirurgie orthopédique est restée longtemps intégrée dans la chaire de chirurgie en général jusqu’à la nomination de Franz BURNY et de Pol BLAIMONT à l’Université Libre de Bruxelles et de Roger LEMAIRE à l’Université de Liège.
Jusqu’en 1989, dans chaque Université, les services d’orthopédie organisaient leur propre enseignement, peu fréquenté par les candidats en poste de formation hors hôpital universitaire, « en province ». Le programme de cet enseignement était diffusé au sein du réseau hospitalo-universitaire souvent sous forme d’affiches, parfois avec l’aide de sponsors.
La commission d’enseignement fondée par Robert LITT et Robert THYS en 1989 avait pour ambition d’organiser une coordination de l’enseignement donné par chacun des groupes et en particulier par les services universitaires. Le « Consilium Orthopaedicum et Traumatologicum » a édité un programme coordonné des enseignements accessibles en Belgique de 1990 à 1994 initiative qui n’a pas été poursuivie16.
En 1996, à l’initiative de Jacques VAN OVERSCHELDE alors Président de la Fédération Ortho-paedica Belgica, un organisme de coordination pour la formation et l’évaluation des médecins candidats spécialistes en chirurgie orthopédique a été constitué dans la ligne du Consilium : c’est le « Collegiun Orthopaedicum ». Ce « collegium » réunit les présidents des commissions d’agrément francophone et néerlandophone, les présidents des deux sociétés scientifiques d’orthopédie, la SORBCOT et la BVOT, et deux maîtres de stage par université complète. C’est une importante structure de concertation (www.collegium.be).
La société scientifique est restée un endroit de rencontre et de coordination informel jusqu’au moment où les cours annuels « Orthopaedica Belgica » ont été institués : l’organisation de ces cours est un effet positif de la réunion de la SOBCOT avec la BVOT sous la coupole d’Orthopaedica Belgica.
Le premier cours d’enseignement formel a été organisé par Rik CLAESSENS et Pol BLAIMONT en 198217. Les cours annuels d’Orthopaedica Belgica sont devenus le point d’orgue de la formation théorique des assistants candidats spécialistes en chirurgie orthopédique. C’est une manifestation nationale.
Le contrôle des connaissances
La SOBCOT a été l’initiatrice du contrôle de connaissances des candidats spécialistes en chirurgie orthopédique. En 1980, André VINCENT, simultanément président de la Société et de la Commission d’agrément francophone a organisé un premier contrôle des connaissances pour les candidats terminant leur sixième année sous forme d’une interview. Dix volontaires ont été interrogés à la Maison des médecins.
Outre ce contrôle des connaissances final, Orthopaedica Belgica, avec le soutien énergique de Michel HOOGMARTENS, professeur à la KUL, a mis en place des contrôles intermédiaires pour les candidats de 3e, 4e et 5e années. Ces contrôles informels ont été progressivement professionnalisés et en conséquence, pris en compte de façon de plus en plus importante par les commissions d’agrément chargées de contrôler les carnets de stage et d’évaluer les progrès des candidats spécialistes.
Le premier examen comportant des questions à choix multiples dans les deux langues nationales a été organisé le 26 novembre 1988 dans les locaux de la Fondation Universitaire. Il y avait 27 volontaires, 14 francophones, 13 néerlandophones. Ces premiers candidats ont pu émettre des suggestions : quasiment tous regrettaient l’absence d’enseignement structuré et d’un programme d’étude, ainsi que la disparité entre services universitaires et périphériques. Pareils contrôles informels eurent lieu deux fois encore en 1989 et 1990 à l’auditoire Janson de l’ULB.
1991 sera une année pivot : les commissions d’agrément ont été renouvelées en fin 1990. LITT du côté francophone et BOGHEMANS du côté néerlandophone en furent nommés présidents. Les deux présidents sont arrivés à un consensus parfait entre les deux commissions d’agrément en chirurgie orthopédique. Ils ont exposé leur vision au ministre BUSQUIN puis à la ministre ONKELINX. En novembre 1989, l’Inspecteur Général de la Santé publique le Docteur Jean-Paul DERCQ a été invité à suivre le cours Orthopaedica Belgica à Liège et la réunion de la commission d’enseignement qui s’est donc tenue en sa présence. Le consensus national a permis la prise en considération des contrôles des connaissances par les autorités : depuis 1992, les contrôles des connaissances ont lieu dans les locaux du Ministère, ce qui sanctionne leur caractère officiel. Les fonctionnaires des commissions d’agrément, le Docteur MEERT du côté francophone et Monsieur PLUMOT pour la commission néerlandophone y assistèrent. Les contrôles ont été rendus obligatoires pour tous les assistants dès la troisième année. La réussite de ces contrôles conditionnait l’agrément.
Les questions sont rédigées par les professeurs d’orthopédie et sont ensuite revues, corrigées et sélectionnées par des praticiens de la spécialité s’étant portés volontaires auprès des deux sociétés (SOBCOT et BVOT). La finalisation des textes, la vérification des références bibliographiques et la coordination linguistique entre le néerlandais et le français ont été assurées pendant de nombreuses années par Michel HOOGMARTENS et Jean-Jacques ROMBOUTS. Les formulaires de réponse ont été corrigés à la KUL pendant les cinq premières années et ensuite à l’université de Liège par lecture optique. Ces QCM, constituant ce que les anglo-saxons appellent une « in-training evaluation », concernaient donc les candidats spécialistes des 3e, 4e et 5e année. L’évaluation finale, au terme de la sixième année, reste faite sur base de la discussion de cas cliniques devant deux paires de professeurs d’université qui ne sont pas intervenus dans la formation du candidat.
Les QCM ont, pendant près de 20 ans, été organisés avec régularité et succès. Pendant quelques années, les candidats spécialistes en formation aux Pays-Bas y ont participé. Cela a été de pair avec l’officialisation d’un ou de plusieurs ouvrages de référence.
Ces QCM ne seront plus organisés après la communautarisation des commissions d’agrément suite à la sixième réforme de l’état.
L’évolution du contexte européen
A partir de 2001, l’Union européenne monospécialisée (UEMS) d’orthopédie, seule au départ puis en collaboration avec la Fédération européenne d’orthopédie (EFORT), a mis en place des évaluations à l’échelon européen, le « board de spécialité » ou EBOT, qui s’est progressivement imposé comme outil d’évaluation de fin de formation dans plusieurs pays. L’examen européen de l’EBOT sera organisé en Belgique les 2 et 3 octobre 2021.
L’EFORT et l’UEMS ont également organisé un examen intermédiaire européen auquel les assistants participent sur base volontaire. Pour les candidats belges, il s’est tenu pour la première fois à Liège le mardi 14 avril 2015 pour ensuite être organisé à l’ULB et à l’UCL. Cet examen est supporté financièrement par l’UEMS et l’EFORT. Il se tient dorénavant au Park Inn Hotel à Leuven.
L’examen final européen ou « board » est donc un « label de qualité ». Il a été essentiellement organisé en langue anglaise.
La situation actuelle
En application de la loi spéciale du 6 janvier 2014, le Fédéral garde la compétence de fixer les normes d’agrément des médecins spécialistes. Par contre les Communautés ont acquis la compétence d’agréer les prestataires de soins dans le respect de la norme fédérale. L’Arrêté ministériel du 23 avril 2014 fixant les critères généraux d’agrément des médecins spécialistes a majoré le rôle des maîtres de stage qui ont l’obligation de permettre à leurs assistants de participer à dix réunions de formation par an au cours desquelles seront également traités des sujets d’intérêt général comme l’éthique et la communication.
La Communauté flamande a organisé dès 2014 un enseignement structuré sous forme de MANAMA (Master na Master) comportant une évaluation formelle qui a remplacé le QCM national. Les QCM organisés depuis 1989 ont également disparu du côté francophone ; les évaluations intermédiaires (intérimaires en « franglais ») ont été laissées à l’appréciation de chaque université francophone. L’examen intermédiaire européen, déjà d’application dans plusieurs spécialités, a été introduit en orthopédie du côté francophone sur base volontaire et s’est tenu pour la première fois à Liège le mardi 14 avril 2015 pour ensuite être organisé à l’ULB et à l’UCL. Cet examen est supporté financièrement par l’UEMS et l’EFORT.
L’évaluation finale mise en place par le texte de loi de 2014 reste organisée conjointement dans les deux communautés suivant des modalités proches de ce qui avait été initié par André VINCENT en 1980. Les candidats sont évalués oralement dans leur propre langue par cinq paires d’interrogateurs qui leur soumettent des situations cliniques couvrant les sciences de bases, le rachis, le membre supérieur, le membre inférieur et l’orthopédie pédiatrique. Pour des raisons techniques (horaires d’ouverture) il n’est plus organisé dans les locaux du Ministère de la Santé. Il s’est tenu ces dernières années au Park Inn Hotel à Leuven tant en français qu’en néerlandais.
L’harmonisation de ces évaluations intermédiaires et finales et leur reconnaissance mutuelle est à l’ordre du jour des négociations entre le Collegium, l’UEMS, l’EFORT et les commissions d’agrément des deux Communautés. Le Collegium est présidé par Nanni ALLINGTON de Liège qui tient à jour un site d’information destiné aux Maîtres de stage et aux candidats spécialistes (www. collegium.be)
2. LA SORBCOT FACTEUR DE COHÉSION ENTRE LES ÉCOLES
En Belgique francophone, trois universités assurent la formation médicale de base dans sa totalité. L’objet de ce chapitre n’est pas d’écrire l’histoire de ces institutions mais bien d’identifier comment la spécialité a été introduite dans l’enseignement et a trouvé sa place au sein des chaires universitaires.
Les chaires d’orthopédie ont été créées après la guerre et ce processus s’est étalé sur près de 30 ans. Comme déjà noté, l’Université de Gand en 1946 et l’Université de Louvain en 1954 ont été les premières à établir une chaire d’orthopédie alors qu’à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Liège, la charge est restée longtemps liée à la chirurgie générale.
La formation des spécialistes a relevé des associations professionnelles mais progressivement, la place des universités dans la sélection des candidats spécialistes et dans leur formation s’est organisée de par le dynamisme des titulaires et de par la loi. C’est ainsi que se sont établis les réseaux hospitaliers et constituées les « écoles » définies comme étant le regroupement, autour d’un service universitaire d’orthopédie, des maîtres de stage qui assurent la formation des candidats spécialistes. Le service universitaire a la charge, outre la sélection des candidats spécialistes, de coordonner l’enseignement théorique de base et surtout d’organiser les rotations au sein des différents services, des médecins assistants cliniciens candidats spécialistes.
La Société Belge d’Orthopédie a, dès sa fondation, été un lieu de rencontre et d’échange entre les chirurgiens orthopédistes de toutes les régions, non seulement du pays mais du monde. Elle transcende les écoles et contribue à assurer une cohérence et une harmonie dans la formation des spécialistes. Ce rôle a été officialisé à partir de 1996 par la création du « Consilium » bientôt renommé « Collegium Orthopaedicum ».
L’école bruxelloise
La date de naissance officielle de l’Université libre de Bruxelles correspond au jour de son inauguration, le 20 novembre 183418. Elle s’appelait alors Université libre de Belgique. Ce n’est qu’en 1842 qu’elle prit son appellation actuelle. La Faculté de Médecine avait repris tout entière l’école de médecine de Bruxelles, qui transmettait essentiellement des modes de pratique. Une fois devenue faculté universitaire, l’école s’est progressivement muée en un lieu d’enseignement dont la pédagogie s’inspirait directement des travaux des laboratoires de recherche et de l’activité clinique des hôpitaux.19
L’Université libre de Bruxelles a donc, dès sa création, bénéficié d’une infrastructure hospitalière urbaine dense. Cela explique son rôle prépondérant dans le développement des spécialités chirurgicales et la formation des chirurgiens pendant le 19e siècle.
Nous avons évoqué dans la présentation du contexte historique le baron SEUTIN, Antoine DEPAGE, Elie LAMBOTTE : ils ont été de réels précurseurs. Nous aurions également pu citer Fernand NEUMAN (1879-1958) et Charles PARISEL (1878-1963) qui présidèrent la Société belge d’orthopédie en 1932 et en 1933. Albin LAMBOTTE et Jean VERBRUGGE ont fait leurs études à l’ULB.
C’est Robert DANIS (1880-1962), agrégé en 1914, qui apportera un lustre particulier à la spécialité. A partir de 1929, il se consacre à la chirurgie osseuse et publie en 1932 son premier traité : « Technique de l’Ostéosynthèse ». Il y établit les fondements du traitement, qu’il développe en 1949 dans un ouvrage abondamment illustré : « Théorie et Pratique de l’Ostéosynthèse ». Il en définit les objectifs : reprise précoce des mouvements actifs, restauration anatomique de l’os et cal per primam. Les grands principes sont l’asepsie rigoureuse, la « tolérabilité » et la solidité du montage, qu’il renforce par la compression axiale. Pour réaliser cette dernière, il invente en 1938 le « coapteur » qui porte son nom. Il aurait, de plus, organisé une banque d’os, alors illégale en Belgique. Président de la Société Belge de Chirurgie - SBC en 1928, DANIS est élu, en 1951, Président de la Société Internationale de Chirurgie (SIC). N’ayant pu être président de la SOBCOT, en raison de sa démission en 1939, il est nommé membre d’honneur en 1951. Il décède en 1962.
Jean GOVAERTS est diplômé docteur en médecine de l’ULB en 1928. Devenu assistant de Robert DANIS en 1930, après un séjour à Paris, il s’intéresse à des problématiques liées à la chirurgie cardiovasculaire et à la chirurgie digestive20. A partir de 1946, c’est lui qui dirige le service universitaire de chirurgie générale de l’Hôpital Brugmann et enseigne la clinique chirurgicale à l’ULB. Il fut pionnier belge de la chirurgie cardiovasculaire. Rappelons néanmoins qu’à son époque, les différents secteurs de la chirurgie n’étaient pas encore individualisés. C’est dans ce contexte que nous évoquons sa mémoire, puisque les activités chirurgicales qui constitueront par la suite l’orthopédie restent encore intégrées à la chirurgie.
Robert SŒUR (1904-1991), adjoint des Hôpitaux de Bruxelles, réalise son propre clou et publie en 1946, un an après KÜNTSCHER, « L’ostéosynthèse au clou ». L’enclouage centromédullaire est en effet présenté en 1939 par Gerhard KÜNTSCHER (1900-1972) qui publie en 1945 son ouvrage «Technick der Marknagelung». En 1980, Robert SŒUR publie l’ensemble de son expérience dans une monographie intitulée «Les Fractures des Membres : du Mécanisme au Traitement». Il est Président de la SOBCOT en 1955.
Le Professeur Jean VAN GEERTRUYDEN (1921-2002) succède en 1963 au Professeur GOVAERTS comme chef de service de chirurgie à l’hôpital Brugmann. C’est l’époque où tous les grands services universitaires de chirurgie commencent à partager leurs activités en secteurs plus spécialisés21. C’est dans cet esprit qu’en 1964, il invite Robert de MARNEFFE, alors premier adjoint dans le service de Robert DANIS à l’hôpital Saint-Pierre, à venir dans son service pour y développer une activité de chirurgie orthopédique. Robert de MARNEFFE avait en effet défendu une thèse sur la vascularisation osseuse et était déjà chargé de cours à la faculté de Médecine de l’ULB. Il est ainsi à l’origine de la future clinique de chirurgie orthopédique à l’hôpital Brugmann. R. de MARNEFFE modernise les procédures et les techniques en rationalisant l’instrumentation par la programmation du matériel spécifique à chaque intervention. Il contribue à rendre l’orthopédie de plus en plus indépendante au sein du Service de Chirurgie générale. Avec André DANIS (1915-2011) et Marcel VAN DER GHINST (1913-1993), il jette les bases d’une licence spéciale en orthopédie, dont il assume la présidence en relation avec la Faculté. Il crée le Collège d’Enseignement de la Licence en Orthopédie (le CELO). André DANIS devient Chef du Département de Chirurgie orthopédique à l’Hôpital St-Pierre. Il s’intéresse tout particulièrement à l’enclouage fasciculé et aux mécanismes de l’ossification ectopique.
C’est sous l’impulsion de Robert de MARNEFFE que ses associés Pol BLAIMONT, Franz BURNY et Jacques WAGNER mettent sur pied un centre interdisciplinaire de recherche en biomécanique osseuse expérimentale et clinique en collaboration avec des ingénieurs de l’Ecole Royale Militaire et de la faculté polytechnique de l’ULB avec le soutien d’André JAUMOTTE. L’activité féconde de ce centre fournira à plusieurs de ses chercheurs l’opportunité de rédiger une thèse d’agrégation22.
Dès 1962, les orthopédistes participent aux relations qui s’établissent entre l’ULB et l’Ecole Royale Militaire (ERM), et qui aboutissent finalement en 1971 à la mise sur pied du Centre Interdisciplinaire de Biomécanique osseuse (CIBO)23. Les travaux de biomécanique qui y sont menés ont un grand retentissement international et illustrent brillamment les possibilités de collaboration entre disciplines différentes, telles que la chirurgie, la chimie, la physique et les sciences de l’ingénieur24.
Robert de MARNEFFE lors du Congrès de la SICOT à Munich en 1987
L’Ecole Royale Militaire de Bruxelles - Google Im 2020
Dans ce contexte, Jacques WAGNER devient agrégé en 1983, après avoir défendu une thèse sur la biomécanique du cadre tibio-péronier.
L’activité de chirurgie orthopédique et de traumatologie à l’Hôpital Erasme existe depuis le début de cette institution, inaugurée en 197725. Elle est dirigée à l’époque par Franz BURNY. C’est sous sa houlette qu’est créé, pour la première fois à l’ULB, un service d’Orthopédie-Traumatologie, autonome. Il est officiellement inauguré en octobre 1981, pendant le rectorat du Baron André JAUMOTTE. Sa mission est double : assurer le meilleur traitement aux patients atteints d’une affection ou d’un traumatisme de l’appareil locomoteur, d’une part, contribuer par des travaux originaux de recherche, au progrès des connaissances fondamentales et cliniques de l’appareil locomoteur et développer les techniques chirurgicales de traitement des affections ostéo-articulaires, d’autre part. Dès sa création, le service assure également, auprès des étudiants en médecine et des post-gradués, l’enseignement de la spécialité, en même temps qu’il contribue au recyclage permanent des spécialistes issus de l’Université libre de Bruxelles.
Franz BURNY
Sous la direction de Franz BURNY, l’activité clinique du Service, initialement limitée à l’Hôpital Erasme, s’est étendue dès 1988 à d’autres établissements. De nouvelles techniques chirurgicales sont développées, largement reconnues tant en Belgique qu’à l’étranger : citons notamment le monitoring de la déformation des implants, la fixation externe des membres utilisée tant en orthopédie « froide » qu’en traumatologie, la mini-fixation externe et l’application des techniques de microchirurgie en chirurgie orthopédique. La consultation d’orthopédie sera équipée en juin 1998 d’une plateforme de podométrie électronique qui fournit une cartographie des pressions plantaires. Enfin, Franz BURNY forme plusieurs générations de chirurgiens orthopédistes, qui exercent tant en Belgique qu’à l’étranger, constituant un réseau de collègues et amis unis par une même philosophie de prise en charge des affections de l’appareil locomoteur.
Hôpital Erasme
Yves ANDRIANNE et Sabri EL BANNA
Yves ANDRIANNE (1945- ), diplômé en 1971, entre au Service de Chirurgie générale de l’Hôpital Brugmann comme boursier puis aspirant du FNRS, de 1972 à 1973. En 1975, il obtient le certificat à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, avant de faire son service civil comme Chef du Service de Chirurgie de l’Hôpital de Kipushi au Zaïre, de 1975 à 1977, puis comme Médecin-Chef en 1977. Il s’y intéresse à l’ostéonécrose drépanocytaire. De retour à Brugmann comme assistant, il est agréé en chirurgie en 1978 et rejoint l’équipe du Département d’Orthopédie-Traumatologie de l’Hôpital Erasme en tant que résident en 1979. Yves ANDRIANNE développe alors une activité d’évaluation médico-légale, qui aide les patients victimes de séquelles dans leur réinsertion sociale.
Jean QUINTIN (1946- ), diplômé en 1973 rejoint le même service à l’Hôpital Brugmann. En 1977, il devient le premier chirurgien détaché à l’Hôpital Erasme. Il est chargé de la chirurgie orthopédique pédiatrique, domaine dans lequel il s’est formé avec Charles RIVARD à l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal.
Maurice HINSENKAMP
Maurice HINSENKAMP (1947- ), diplômé de l’ULB en 1974 et, la même année, de l’Institut de Médecine Tropicale Prince Léopold à Anvers. En parallèle à ses études de Médecine, il obtient la Licence en Education Physique de l’ISEPK en 1971. Dès 1974, il entre au Service de Chirurgie générale à l’Hôpital Brugmann chez Jean VAN GEERTRUYDEN et rejoint l’équipe de R. de MARNEFFE. Il passe aussi les certificats de Biomécanique de l’Appareil locomoteur (EIBAL), de Médecine Sportive de l’ULB en 1975 et de Médecine Aéronautique de la RAF-UK en 1977, année où il est également sélectionné comme candidat astronaute. HINSENKAMP prend ses fonctions comme Chef de clinique adjoint dans le service d’Orthopédie et de Traumatologie en 1985. Il devient Chef de clinique en 2006. Il s’intéresse aux facteurs physiques influençant la consolidation des fractures, en particulier à la stimulation électromagnétique de l’ostéogénèse, sujet de sa thèse d’agrégation en 1990, les greffes osseuses étant le thème de sa leçon publique. Il s’attache aussi à l’étude de la maladie de Kashin-Beck. Cela l’amène à participer à plusieurs missions de Médecins Sans Frontières au Tibet et à fonder le Kashin-Beck Disease Fund, dont il est président depuis 2008. C’est lui qui a pris la direction du Laboratoire de Recherche en Orthopédie Traumatologie en 199426. Grâce aux efforts de Maurice HINSENKAMP, une banque d’os ultramoderne, créée en 1998, est agréée depuis janvier 2000. Au cours de ses différents mandats notamment à la Société Internationale de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie (SICOT) dont il assurera la présidence de 2011 à 2014, il s’efforce d’améliorer la qualité de la pratique de la chirurgie orthopédique et de promouvoir la recherche et l’enseignement, en particulier dans les pays en voie de développement. Il y crée des centres de télédiagnostic puis y développe des centres d’enseignement.
Le Service dispose de nouvelles opportunités depuis 2003, au moment où Frédéric SCHUIND prend le relai en poursuivant l’œuvre initiée par Franz BURNY. Frédéric SCHUIND (1955 -), diplômé en 1979, défend son mémoire de licence en orthopédie en 1989, avec pour titre « Les techniques d’ostéosynthèse en chirurgie de la main. Le minifixateur externe. Etude statistique portant sur plus de 500 cas ». En 1997, il succède à Pol BLAIMONT, admis à l’éméritat, pour le cours de chirurgie orthopédique et de traumatologie donné aux étudiants en médecine et, ultérieurement en 2008, il est chargé du cours « Appareillage et prothèses » à la Faculté des Sciences de la Motricité. Il dirige plusieurs thèses de doctorat. En 2002, il coordonne la première transplantation belge de la main à l’Hôpital Erasme, greffe composite vascularisée dont les résultats à long terme contribuent à améliorer les connaissances dans le domaine de la régénération nerveuse sous immunosuppression et de l’induction de la tolérance27. En 2003 au départ à la retraite de Franz BURNY, il devient chef du Service d’Orthopédie-Traumatologie de l’Hôpital Erasme. En 2013, il succède à Maurice HINSENKAMP comme gestionnaire et directeur médical de la Banque de Tissus de l’Hôpital Erasme et, de 2013 à 2020, à la présidence de la Licence Spéciale en Orthopédie-Traumatologie (devenue Master de Spécialisation en Orthopédie-Traumatologie).
De nouveaux secteurs cliniques se développent : hanche et pelvis, genou, main et nerfs périphé-riques. Dans le nouvel hôpital de jour installé en 2004, des locaux de consultation sont spécifiquement organisés pour la pratique orthopédique. Deux unités cliniques associées au service sont créées : l’Unité de Chirurgie de la Main et des Nerfs Périphériques avec notamment Jörg BAHM, et le Centre du Sport que dirige Michel VANCABEKE. Pour la prise en charge des patients âgés, le service engage dès 2005 un post-gradué gériatre supervisé par Thierry PEPERSACK, qui dirige la Clinique de Gériatrie. Les collaborations nouées avec l’Institut Bordet, en particulier avec Michaël GEBHART, améliorent la prise en charge des tumeurs de l’appareil locomoteur et réactivent le Groupe d’Etude et de Traitement des Tumeurs Osseuses et de l’Appareil Locomoteur (GETOAL) institué en son temps par Franz BURNY et Ferdy LEJEUNE.
Le premier cas de transplantation de main réalisé à l’Hôpital Erasme (2002) et dont il est question plus haut, génère des fonds importants de mécénat qui, conjugués à une aide de la Région Wallonne, permettent à l’équipe de Michel GOLDMAN et Alain LE MOINE de développer à Gosselies une recherche immunologique de haut niveau, à laquelle le Service contribue activement. Au cours des années, tant Franz BURNY que Frédéric SCHUIND veillent à mesurer soigneusement l’activité clinique, ayant pour souci d’évaluer objectivement les résultats du Service avec benchmarking des données de la littérature et gardant ouverte la possibilité de remise en question des pratiques à tout moment. Ce projet de qualité totale comprend également l’écoute des patients, la satisfaction des médecins traitants, la prévention des possibles dysfonctionnements et la responsabilisation de tous les acteurs.
Historiquement, l’activité du Service est à vocation traumatologique. Avec les mesures de sécurité routière, la diminution de l’activité industrielle lourde et la législation sur la sécurité au travail, les accidents graves deviennent moins fréquents. Le recrutement de patients polytraumatisés très lourds reste cependant important, du fait de transferts aigus ou différés de cas complexes en provenance d’autres hôpitaux. Le Service dispose d’une expertise particulière dans le domaine des pertes de substance squelettiques exigeant une reconstruction complexe, parfois microchirurgicale, pour le traitement des fractures-luxations difficiles de l’anneau pelvien et/ou du cotyle et la prise en charge des lésions du plexus brachial. Si la traumatologie lourde tend à se réduire, les accidents sportifs sont de plus en plus fréquents, justifiant de la création du Centre du Sport. Vu l’augmentation de la longévité et le contrôle insuffisant de la perte de masse osseuse liée à la carence oestrogénique, à la diminution des activités physiques et à la sénescence, on assiste à une augmentation exponentielle du nombre de fractures pathologiques sur ostéoporose nécessitant une prise en charge spécifique ortho-gériatrique. A cela s’ajoutent les affections ostéoarticulaires dégénératives : l’âge moyen des patients traités par arthroplastie augmente et on voit de plus en plus de révisions d’arthroplasties réalisées vers 60-65 ans et descellées vers 75-80 ans. Les techniques chirurgicales orthopédiques se sont fortement modifiées elles aussi en trente ans, notamment avec les techniques mini-invasives, limitant significativement la morbidité péri-opératoire et la durée de séjour.
De manière générale, les attitudes cliniques et les techniques opératoires sont décidées au cours de discussions ouvertes de consensus, sur base d’une analyse critique de la littérature validée et de l’expérience quotidienne. Des staffs organisés trois fois par semaine, tôt le matin, et le « grand tour » du jeudi soir permettent de revoir collégialement les indications et les suites opératoires des patients hospitalisés ou traités en hôpital de jour, et d’organiser l’activité de traumatologie.
A partir de 1986, Franz BURNY assure la présidence de la licence. Avec l’aide d’Yves ANDRIANNE, il structure la Licence Spéciale en Orthopédie-Traumatologie (LICORT), avec un enseignement bien organisé. Le DES, devenu entretemps le MC (Master Complémentaire) d’orthopédie, est de 2003 à 2013 présidé par Maurice HINSENKAMP, qui organise pour l’ULB les cours interuniversitaires du FUS (Formation Universitaire Spécifique) et la rotation des post-gradués entre les hôpitaux du réseau. Les post-gradués doivent – outre leurs stages – réussir les examens ministériels et défendre avec succès un mémoire de fin de formation.
Son successeur Frédéric SCHUIND a repris la responsabilité de la formation de candidats spécialistes. Le service contribue également à la formation d’assistants non européens, sélectionnés dans le cadre de bourses. Un programme intéressant de séminaires et de colloques est organisé, notamment en partenariat avec d’autres Institutions (IRIS Sud, CHIREC, UZ-Brussel-VUB), certaines réunions ayant bien évidemment lieu dans l’institution extérieure. Le staff du lundi matin comprend un journal club, celui du mercredi matin un flash présenté par l’étudiant en médecine en stage au Service. L’enseignement de l’orthopédie-traumatologie et les cours associés sont assurés, en Faculté de Médecine par F. SCHUIND, à l’Institut des Sciences de la Motricité par M. HINSENKAMP et F. SCHUIND, et à l’Ecole d’Infirmières par J. QUINTIN. M. HINSENKAMP donne également le cours de biomécanique et appareillages ostéoarticulaires à la Faculté des Sciences Appliquées. En collaboration avec le réseau, les membres du Service contribuent à la mise sur pied du DES en orthopédie, idée déjà avancée par les DELOYERS, SOEUR, et de MARNEFFE il y a près de 50 ans. L’orthopédie est mentionnée pour la première fois dans le programme des cours de l’ULB en 1962-1963.
L’enseignement est complété par la séance orthopédique annuelle de l’AMUB et par le programme du cours d’Enseignement Interuniversitaire de Biomécanique de l’Appareil Locomoteur (EIBAL), dont se charge alors le regretté Jacques WAGNER.
Frédéric SCHUIND a joué un rôle moteur dans la création en 2002 du Diplôme Interuniversitaire Européen d’Etudes Spécialisées de Pathologie Chirurgicale de la Main et des Nerfs Périphériques, organisé conjointement par quatre universités (ULB, UCLouvain, ULiège, Université de Lille II). La formation s’étale sur deux ans, comprenant huit modules de deux jours, un stage clinique et la défense d’un mémoire. Frédéric SCHUIND assure le secrétariat de cet enseignement de 2002 à 2006.
Les membres du Service d’Orthopédie-Traumatologie sont également très actifs en tant que promoteurs de thèses de doctorat (anciennement thèses d’agrégation). Le service d’orthopédie de l’Hôpital Erasme assure aussi des missions chirurgicales et d’enseignement dans plusieurs pays en voie de développement.
L’école louvaniste
De la fondation à la refondation (1425 – 1833)28,29
Au début du XVe siècle, la ville de Louvain, ruinée par le recul de l’industrie drapière et les troubles civils, établit avec le soutien du Duc JEAN IV de BRABANT un « studium generale » qui sera élevé au rang d’université par la bulle du Pape MARTIN V du 9 décembre 1425. Il semble bien que l’Université comportait dès le XVe siècle, une faculté de médecine dont les archives ont disparu mais dont l’existence est confirmée par plusieurs historiographes dont MOLANUS, VERNULAEUS et les Fasti d’Andreas VALERIUS. La fondation de cette faculté remonte probablement à 1433. La durée des études médicales était de quatre années, plus tard réduite à trois.
Jean VESALE, bisaïeul du grand VESALE prit une part importante à l’enseignement tout en faisant partie du personnel médical de la cour de Bourgogne. Plus tard, André VESALE (1514-1564) et Jean-Baptiste VAN HELMONT (1579-1644) sans faire partie du corps professoral ont participé à l’enseignement par des lectures. La faculté de médecine ne put retenir VESALE à Louvain car, à cette époque, elle ne pouvait fournir le matériel humain nécessaire à ses recherches qu’il accomplit à Padoue.
JOSEPH II déplaça l’Université à Bruxelles, déclarant cassés et annulés les privilèges de l’institution. L’Université et sa faculté furent rétablies à Louvain après la révolution Brabançonne en 1790. Ce ne fut qu’un répit de courte durée : la convention a rasé d’un trait de plume tous les établissements d’enseignement par un décret du 4 brumaire de l’An VI que fit appliquer l’administration du département de la Dyle. Ainsi se termina l’existence de la première faculté de médecine de l’Université de Louvain.
Après la refondation en 1834
L’Université ne put reprendre ses activités ni sous NAPOLEON ni sous le Prince d’ORANGE, GUILLAUME 1er qui fonda en 1816 trois universités d’Etat dont celles de Liège et de Gand.
La troisième sise à Louvain ne comptait même pas 700 étudiants en 1830, elle disparut après l’indépendance. L’Université catholique de Louvain fut ré-ouverte à Malines le 4 novembre 1834 sur requête du pape GREGOIRE XVI et ne revint à Louvain que l’année suivante (1835).
Pendant plus d’un siècle, l’enseignement de la chirurgie, comme celui de la médecine interne, se répartit entre des professeurs chargés les uns de la pathologie et les autres de la clinique.
Maximilien MICHAUX (1808-1891) qui s’était formé à Paris aux écoles de DUPUYTREN, ROUX et VELPEAU, est le premier titulaire de la chaire de clinique chirurgicale qu’il occupe jusqu’à son décès en 1890, à l’âge de 82 ans. La chaire est alors confiée à Théophile DEBAISIEUX qui l’assure jusqu’à son éméritat en 1914. Léopold DANDOIS lui succède pendant une courte période jusqu’en 1918, moment de la nomination de Georges DEBAISIEUX qui restera en poste jusqu’en 1954. La clinique chirurgicale reste monolithique jusqu’à la fin de ses activités, à l’exception de la chaire d’urologie qui est créée à son initiative en 1952 et confiée au premier titulaire, Mathieu SCHILLINGS qui l’occupe jusqu’en 1959.
C’est donc à la fin de la carrière de Georges DEBAISIEUX, en 1954, que l’orthopédie-traumatologie est détachée de la chirurgie générale et confiée à Pierre LACROIX (1910-1971). La chirurgie générale revient à Jean MORELLE (1899-1983) qui la pratique jusqu’à son éméritat en 1969, tout en s’entourant de collaborateurs dans les diverses sous-spécialités qui émergent.
L’orthopédie à l’UCL de 1954 à nos jours30,31,32
Pierre LACROIX, bien que chirurgien de formation, était avant tout un chercheur et un anatomiste. Il avait publié des travaux fondamentaux sur l’organisation des os33 (son ouvrage est un classique paru en 1949) et ultérieurement sur la pathologie et le traitement de l’épiphysiolyse34,35. Dès sa nomination, en 1954, il s’est entouré de jeunes collaborateurs dynamiques qui ont développé la chirurgie orthopédique au sein de son service : Jean MASUREEL, Robert LITT, Pierre FAYT et puis et surtout André VINCENT qui reprendra le flambeau après le décès prématuré et inopiné de Pierre LACROIX.
De 1949 à 1971, l’école louvaniste s’est surtout démarquée par des travaux fondamentaux qui ont fait l’objet de plusieurs monographies36. Ces travaux fondamentaux ont contribué à mieux comprendre les remaniements et les processus de guérison du squelette : la technique utilisée combinait des études micro-radiographiques et des études histologiques avec triple marquage en fluorescence.
André VINCENT37 a commencé sa formation chirurgicale à Louvain en 1955 sous la direction de Jean MORELLE. En 1958, il est à Lyon, dans le service de Paul SANTY (1887-1970), un chirurgien principalement vasculaire mais proche d’Albert TRILLAT (1910-1988), le père de la chirurgie du genou en France. En 1960, il est accueilli à New-York chez Robert DUTHIE et J.C. GOLDSTEIN, spécialisés en chirurgie de la colonne. Robert DUTHIE (1925-2005) était professeur et chef de service à l’Université de Rochester (N.Y.). Il deviendra ultérieurement le quatrième « Nuffield Professor of Orthopaedic Surgery at the University of Oxford » où il fut en poste de 1966 à 199238.
En 1967, André VINCENT et Jean LEWALLE ont été parmi les premiers à placer en Belgique une prothèse totale de hanche, technique développée par G.K. McKEE, J. WATSON-FARRARD et John CHARNLEY en Grande-Bretagne. Lors d’un symposium organisé à Lyon en 1995, VINCENT et LEWALLE ont pu rapporter une expérience positive de 1.300 prothèses de CHARNLEY implantées, dont près de 300 avaient un minimum de vingt ans de recul39.
André VINCENT a eu la clairvoyance de développer un service en s’attachant durablement des adjoints qui chacun développeront un aspect particulier de la spécialité.
En 1962, Pierre DE NAYER avait rejoint le service de Pierre LACROIX après un séjour à Paris chez Robert MERLE d’AUBIGNE (1900-1989) à l’hôpital Cochin. Il développera le traitement des séquelles traumatiques et des tumeurs.
En 1971, Jean-Jacques ROMBOUTS qui venait de terminer son service militaire est appelé à seconder André VINCENT qui reprenait de façon impromptue la direction du service d’Orthopédie de l’UCL à Leuven. Il avait passé une année chez Jean CAUCHOIX (1912-2009) à Paris à l’hôpital Beaujon et à Berck-Plage avec Georges MOREL (1921-2019) spécialiste incontesté de la luxation congénitale de la hanche et du traitement des pieds bots varus-équins invétérés. Peu avant son retour à Leuven, il avait bénéficié d’une bourse d’étude au Rheumatism Foundation Hospital à Heinola en Finlande où il avait appris la chirurgie du rhumatisme et en particulier de la main rhumatismale avec Kauko VAINIO (1913-1989). Jean-Jacques ROMBOUTS fut chargé de développer l’orthopédie pédiatrique et la chirurgie de la main dans le jeune service. Plus spécialement chargé de l’enseignement au sein de l’équipe, il succédera à André VINCENT comme chef de service en 1996.
André VINCENT deviendra rapidement une référence en chirurgie du rachis en général et de la scoliose en particulier. Alors que le siège du service était un peu à l’étroit au Sint-Pieter Gasthuis à Leuven, André VINCENT avait développé avec Jean-Pierre GHOSEZ, qui avait pratiqué cette chirurgie à Berck-Plage, un centre des scolioses dans une institution toute nouvelle principalement dédiée à la rééducation et à la chirurgie cardiaque, construite au sommet de la colline de Herent. Cette activité était prenante et il était capital qu’André VINCENT soit aidé par un adjoint pour cette pathologie lourde. Wladyslav LOKIETEK, à son retour des Etats-Unis, où il avait travaillé à la Columbia (N.Y.) avec Andrew BASSET en recherche fondamentale et à Wilmington avec Dean MacEWEN en orthopédie pédiatrique, rejoindra l’équipe dans ce but. De 1965 à 1979, date du transfert de l’unité des scolioses aux Cliniques Universitaires Saint-Luc à Bruxelles, plus de 1 500 patients ont été pris en traitement pour des déviations vertébrales et plus de 400 greffes vertébrales ont été réalisées dans le centre d’Herent.
La décision inéluctable de séparer les deux branches linguistiques de l’Université catholique de Louvain et de transférer hors de Flandre l’université de langue française a imposé le transfert de Leuven vers Louvain-la-Neuve et vers Woluwé-Saint-Lambert (« Louvain-en-Woluwe ») pour la Faculté de Médecine et l’hôpital. La planification et la construction du nouvel hôpital ont occupé 10 années qui ont abouti à l’ouverture d’une institution moderne de plus de 900 lits, adossée à des tours de recherche en août 197640. Certains collaborateurs, des cadres infirmiers (Marjan HEYLEN, Jeannine VANDEBOTERMET, Béatrice MALCHAIRE), des infirmières (Mimi DERIDDER et Lily SMETS), des kinésithérapeutes (Jacques GIBON, Vincent PALOTAS, Françoise DENAYER) et le technicien plâtrier (Jan VLAEYEN) ont choisi de suivre l’équipe médicale dans sa migration de Leuven à Bruxelles. Ils furent d’une aide précieuse lors du redéploiement du service.
André VINCENT avait réuni une équipe dynamique pour les activités cliniques. Il a également su s’entourer d’enseignants motivés avec lesquels il a partagé les cours magistraux et les cliniques et surtout, il a constitué un réseau de maîtres de stage qui, in fine, a pu accueillir près de 40 médecins candidats spécialistes en formation. Parmi les pionniers de la première heure, citons Jean LEWALLE d’Ottignies, qui a contribué à l’enseignement de l’orthopédie pédiatrique et a institué des séances de dissection pour les candidats spécialistes qui pouvaient ainsi préparer sur pièce les principales voies d’abord des membres. Baudouin PESTIAUX de Loverval était la référence en traumatologie. Il assurait alors la direction du principal centre de traitement des brûlés de la région de Charleroi. Jean-Jacques ROMBOUTS s’est vu confier dès cette époque l’enseignement de la chirurgie de la main et du poignet avant de reprendre, plus tard, la partie pédiatrique et l’orthopédie générale.
Monseigneur MASSAUX, recteur au moment du transfert, estimait que l’UCL devait avoir un ancrage en Wallonie. En 196741, l’UCL signe une convention avec l’Institut G. THERASSE à Mont-Godinne. La mission première de ce sanatorium était le traitement de la tuberculose. Elle fut réorientée. En octobre 1968, Jean-Pierre GHOSEZ, reconnu spécialiste depuis trois ans, fut le délégué du service pour créer une orthopédie namuroise performante avec l’objectif plus spécifique de traiter les patients chroniques et les séquelles des infections osseuses très fréquentes à cette époque. L’Institut s’est profondément transformé et est devenu la clinique universitaire du namurois. Jean-Pierre GHOSEZ y développa un centre de référence de traitement des infections osseuses et un service d’orthopédie qui prit un développement excessif aux yeux de la direction de l’hôpital. Jean-Pierre GHOSEZ a pris la décision de poursuivre son développement en privé. Le service d’orthopédie des Cliniques Universitaires de Mont-Godinne, ramené à la taille d’un service hospitalier général, a été mis sous la responsabilité de Jean LEGAYE et de Philippe DE CLOEDT avant d’être confié en 1996 à Wladyslav LOKIETEK pour y créer un centre de pathologie de la croissance.
Aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, comme dans d’autres centres modernes, les progrès spectaculaires de l’anesthésie et de la réanimation ont permis de proposer avec beaucoup de sécurité des interventions lourdes. L’amélioration des conditions de stérilité, notamment par l’installation d’une salle d’opération avec une cellule à flux laminaire de CHARNLEY, une maîtrise rigoureuse de la stérilisation centrale dans les nouvelles structures et l’organisation des salles d’opération, ont réduit le taux d’infection qui représente la complication la plus fréquente et la plus difficile à éradiquer en chirurgie osseuse et surtout prothétique.
Le développement du matériel de synthèse, des implants prothétiques et de l’instrumentation ancillaire a amélioré de façon remarquable les résultats fonctionnels à court et à long terme avec une réduction progressive de la durée d’hospitalisation.
L’arthroscopie est devenue une technique indispensable dans l’arsenal thérapeutique de l’orthopédiste. Elle a fait son apparition dans le service au début des années ‘80. Michel COLLETTE a initié cette technique en premier lieu au niveau du genou, reléguant définitivement dans les moyens obsolètes la méniscectomie chirurgicale et ses complications à court et à long terme. La réparation des ligaments croisés est actuellement réalisée par cette même approche. De même, la plupart des articulations, y compris celle de l’épaule et du poignet, sont explorées et traitées par cette nouvelle chirurgie non-invasive. Pour cela, le service a bénéficié du savoir-faire de Jean-Emile DUBUC.
La chirurgie de la main et des lambeaux a été assurée par Philippe HOANG de 1986 à 1990. A son départ vers le privé, elle a été poursuivie et amplifiée par Olivier BARBIER qui a été rejoint par Xavier LIBOUTON.
Si l’apparition du scanner cérébral fut une révolution vers les années septante, les progrès dans le secteur de l’imagerie médicale ont transformé le raisonnement et la prise de décision. La collaboration quotidienne avec le département d’imagerie médicale, grâce à la compétence et la disponibilité de Baudouin MALDAGUE et de Jacques MALGHEM, s’est avérée très fructueuse. Ils ont en particulier fait avancer la connaissance de l’articulation fémoro-patellaire, des nécroses osseuses et des tumeurs de l’appareil locomoteur.
Le service de rhumatologie partageait avec l’orthopédie ses locaux de consultation, ce qui a favorisé une collaboration médico-chirurgicale. L’équipe de rhumatologie avait un grand renom scientifique : Charles NAGANT de DEUXCHAISNES en métabolisme phospho-calcique, Gérard PONCHON pour le métabolisme de la vitamine D chez l’enfant, Christiane LINDEMANS pour la pathologie immune et inflammatoire et Jean-Pierre HUAUX pour la pathologie dégénérative. Ces collègues rhumatologues ont malheureusement eu une carrière écourtée par les aléas de la vie. Ce sont Jean-Pierre DEVOGELAER et Frédéric HOUSSIAU qui ont poursuivi avec brio leur travail clinique et scientifique.
Le transfert de Leuven à Woluwé-Saint-Lambert a permis une considérable augmentation de l’activité du service d’orthopédie de l’UCL à Bruxelles, en particulier démontré par le nombre annuel de consultations qui est passé de 750 à Leuven au début des années ’60 à 40 000 à Woluwé en 199642. Au moment de l’éméritat d’André VINCENT en 1996, le service comptait trois unités de 25 lits adultes et adolescents et une petite dizaine de lits pédiatriques. Cette activité clinique intense, intégrée dans un réseau de spécialistes formés dans le service et eux-mêmes devenus maîtres de stage, a permis la formation d’une dizaine candidats spécialistes en orthopédie par an.
Dans les années ’50, Léon VAN HAESENDONCK, alors jeune licencié en éducation physique, avait répondu à la demande de créer un atelier d’appareillage pour les services d’orthopédie et de réadaptation à Leuven et pour le centre des scolioses à Herent. Grâce à son dynamisme, son atelier est devenu au fil du temps une importante firme d’orthopédie technique (OVH43) introduite dans tout le pays au gré de la dispersion des anciens assistants du service.
Outre cette activité clinique et d’enseignement, le service universitaire a une mission de recherche qui devait être poursuivie après la période faste de Pierre LACROIX. La direction du laboratoire a été reprise par Pol (Léopold) COUTELIER et ensuite par Christian DELLOYE.
Olivier CORNU et de jeunes recrues dynamiques belges et étrangères ont rejoint le service et le laboratoire de recherche. Ils assurent la relève. La Fondation Saint-Luc a permis à Pascal POILVACHE de séjourner dans plusieurs services aux États-Unis dont celui de John INSALL pour améliorer et assurer l’avenir dans le large domaine de l’arthroplastie de la hanche et du genou. Il a quitté le service en 2005. Cette activité a été poursuivie par Jean-Emile DUBUC, par Maïté VAN CAUTER pour la hanche et pour le genou, par Emmanuel THIENPONT.
Si la chirurgie des déformations rachidiennes chez l’enfant et l’adolescent a été une des préoccupations du service, le vieillissement de la population a vu la pathologie du rachis dégénératif se développer et il est apparu indispensable qu’un membre du service acquière une compétence dans ce domaine. En 1990, Everard MUNTING, fut « fellow » chez John KOSTUIK dans la Spinal Unit de l’université de Toronto grâce à une bourse accordée par la Fondation Saint-Luc. Il reprendra la direction du service de la Clinique Saint-Pierre à Ottignies au départ de Jean-Claude AUTRIQUE qui avait succédé à Jean LEWALLE en 1996. Son activité clinique aux Cliniques Universitaires Saint-Luc sera poursuivie par Xavier BANSE. Formé à la chirurgie rachidienne par Everard MUNTING, il a défendu en 2002 sa thèse de doctorat44 sous la direction de Christian DELLOYE.
C. DELLOYE A. VINCENT J.J. ROMBOUTS
Christian DELLOYE a repris la direction du service en 2003 après que Jean-Jacques ROMBOUTS ait été élu doyen de la Faculté de Médecine. Il assurera la direction du service pendant 10 ans, tâche qu’il cumulera avec la direction du département de chirurgie pendant plusieurs années. C’est en 2013 qu’Olivier CORNU succède à Christian DELLOYE. Olivier CORNU est un des spécialistes incontestés de l’infection prothétique, pathologie en recrudescence. Il a su garder une équipe dynamique et maintenir le laboratoire de recherche.
L’activité d’orthopédie pédiatrique est continuée par Pierre-Louis DOCQUIER, qui avait eu l’occasion de collaborer avec son prédécesseur. Dan PUTINEANU a été chargé de la traumatologie. La pathologie tumorale et la chirurgie de reconstruction après résection tumorale est assurée par Thomas SCHUBERT. Christian DELLOYE avait développé, outre son activité oncologique, la chirurgie de l’épaule avec la collaboration de Jean-Emile DUBUC et de Tom DE BAERE, activité récemment confiée à Nathalie PIREAU.
Le service en 2006
Nanni ALLINGTON, actuelle présidente du COLLEGIUM et Olivier CORNU, actuel chef de service.
L’école d’Orthopédie de l’UCL a donné à la Société Belge d’Orthopédie et de Traumatologie plusieurs présidents : André VINCENT en 1980, Jean LEWALLE en 1990, Jean-Jacques ROMBOUTS en 1998 et 1999, Jean-Pierre GHOSEZ en 2000 et 2001, Christian DELLOYE en 2014 et 2015, Everard MUNTING en 2020 et 2021.
L’école liégeoise
Le décret impérial du 17 mars 1808 portait l’organisation de l’« université impériale ». Cette organisation de l’enseignement à tous niveaux était répartie en Académies. L’une d’entre elles était implantée à Liège45. Après la défaite napoléonienne de 1815, Guillaume Ier des Pays-Bas, à qui le Congrès de Vienne de 1815 avait attribué nos provinces belges, décide (décret du 25 septembre 1816) la création de trois universités d’Etat, à Gand, Liège et Louvain46. A Liège l’Academia Leodiensis est officiellement installée le 25 septembre 1817. La naissance de la Belgique en 1830 se caractérise par une remise en question de ces institutions. C’est la loi organique du 25 septembre 1835 qui institue les Universités de Liège et de Gand comme universités officielles de l’Etat. Les activités d’enseignement qui avaient débuté en 1817 dans l’ancien collège des Jésuites47 seront poursuivies.
La faculté de médecine comptait au départ trois professeurs : Nicolas ANSIAUX, Jean-Nicolas COMHAIRE et Toussaint-Dieudonné SAUVEUR, tous trois déjà en fonction dans l’école de médecine et de chirurgie sous le régime français. Nicolas ANSIAUX était chargé d’enseigner « la pathologie externe, la pathologie chirurgicale, l’obstétrique et les maladies vénériennes ». Au fil du temps plusieurs spécialités ont ensuite été individualisées et ont bénéficié d’un enseignement propre.
L’enseignement et la pratique de la chirurgie sont néanmoins restés pendant plus de 150 ans dans le cadre d’une « chirurgie une et indivisible », comme le proclamait il y a un demi-siècle encore un des titulaires d’une telle chaire en Belgique. Un de ses prédécesseurs, grand patron parisien, ne proclamait-il pas en 1844 que « la chirurgie a fait de tels progrès qu’on se demande quels progrès elle pourrait encore faire » ?
La chirurgie de l’appareil locomoteur tout comme le traitement conservateur des fractures est donc restée longtemps dans les mains des chirurgiens généraux. Il est progressivement devenu évident que cette situation n’était plus tenable et la chirurgie s’est enfin scindée en plusieurs branches. Il fallait cependant compter avec la rigidité des structures en place, et c’est seulement en 1983, qu’il s’est avéré possible de fragmenter le vaste domaine en deux cliniques chirurgicales. Raymond LIMET, chargé de cours associé en Chirurgie cardio-thoracique devient l’adjoint du Professeur HONORE, titulaire de la Clinique Chirurgicale A et Roger LEMAIRE, chargé de cours associé en Chirurgie Orthopédique, l’adjoint au Professeur Georges LEJEUNE, titulaire de la Clinique Chirurgicale B. Raymond LIMET et Roger LEMAIRE se virent ainsi confier leur domaine spécifique. C’est à l’occasion du transfert d’activité du vieil hôpital de Bavière au CHU du Sart-Tilman achevé depuis peu, que furent définitivement individualisés en 1987 les services cliniques correspondants, tandis que les titulaires accédaient par la suite à la position de Professeur ordinaire. De plus, Nicolas JACQUET se vit confier en 1987 un nouveau Service de Chirurgie Abdominale, avec la charge d’enseignement correspondante. Tout comme ses collègues LIMET et JACQUET, Roger LEMAIRE avait obtenu en 1968 son agréation en « Chirurgie » ; comme sa pratique se limitait notoirement à la chirurgie de l’appareil locomoteur, il obtint sans difficulté en 1979 son agréation comme spécialiste en orthopédie. Roger LEMAIRE était Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchement, il avait effectué sa formation de chirurgie dans la clinique chirurgicale A, avait séjourné en 1962-1963 au Hospital for Special Surgery à New York où il avait été impliqué dans des programmes de recherche et en 1968-1969 au Service d’Orthopédie de l’Hôpital Cochin à Paris, dirigé par Robert MERLE D’AUBIGNE, figure centrale de l’école française d’orthopédie.
Il faut saluer rétrospectivement l’attitude de Georges LEJEUNE, nommé professeur ordinaire et titulaire de la Clinique Chirurgicale B à la retraite de Fernand ORBAN en 1974 : loin de s’accrocher à la conservation du vaste domaine qu’il pouvait revendiquer, il a participé activement à la création de services spécialisés, dont le secteur de chirurgie orthopédique sous la responsabilité de Roger LEMAIRE à côté d’un secteur de traumatologie existant déjà dans la Clinique Chirurgicale B sous la responsabilité de Georges JODOGNE ; ces deux services eurent en pratique une activité mixte d’orthopédie-traumatologie. Georges LEJEUNE créa de son côté, avec Alain CARLIER, un service spécialisé dans la chirurgie de la main et la microchirurgie. Les greffes d’organes, dont il avait été le promoteur à Liège, furent dorénavant assurées par les services spécialisés correspondants.
L’hôpital de Bavière par Flamenc — Photographie personnelle, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia. org/w/index.php? curid=4078603
Jusqu’au milieu des années 1980, l’école de médecine de l’Université de Liège utilisait toujours l’ancien hôpital de Bavière comme lieu de formation principal, celui-ci dépendait de l’assistance publique de Liège. Le projet d’un hôpital universitaire spécifique existait depuis de nombreuses années sur le site du Sart-Tilman qui était devenu dans les années 1960, sous l’impulsion du Recteur DUBUISSON, le nouveau campus universitaire de l’Université de Liège. Mais le chantier avait pris du retard. Entretemps, des décisions politiques ont conduit à la création d’un hôpital spécifique pour l’assistance publique, l’hôpital de la Citadelle, connu ensuite comme le CHR de Liège. Celui-ci ouvrit ses portes quelques années avant le CHU. Les différents services qui cohabitaient à Bavière se sont dès lors dispersés, Georges JODOGNE choisissant le CHR en 1985.
Roger LEMAIRE à la tribune de la SORBCOT et d’après une caricature de ses étudiants
Le service d’orthopédie de l’Université de Liège, resté pour deux ans encore sur le site de Bavière devenu de facto l’Hôpital Universitaire ad interim, démarra dès lors avec un staff réduit à sa plus simple expression. Il comprenait Roger LEMAIRE et un assistant qui était à l’époque Jean COLINET, bientôt rejoint par Philippe GILLET après son retour de Montréal à l’été 1985. Philippe GILLET avait été diplômé à l’Université de Liège et avait commencé sa formation en chirurgie orthopédique à Liège (avec Jean COLINET, ils ont été les premiers assistants à commencer un plan de stage en chirurgie orthopédique et non en chirurgie générale). Il a ensuite séjourné en 1984-1985 à Montréal à l’Hôpital Sacré-Cœur et à l’Hôpital Sainte-Justine où il s’était familiarisé entre autres à la chirurgie du rachis sous la direction d’Alain JODOIN et Hubert LABELLE avant de venir terminer sa formation à l’Université de Liège.
Dans le domaine de la chirurgie orthopédique, il s’est rapidement avéré qu’il n’était plus possible d’être performant dans toutes les sous-spécialités qui se sont développées : chirurgie pédiatrique, chirurgie arthroscopique, traumatologie sportive, chirurgie du rachis, de la hanche, du genou, de l’épaule, du pied, etc…
La reprise par l’Hôpital Universitaire de Liège de la clinique d’Ougrée, proche de Liège, avec arrêt des activités chirurgicales sur ce site, fit venir à Bavière quelques chirurgiens d’Ougrée, dont Jean-Pierre HUSKIN qui avait une grande compétence en chirurgie arthroscopique. Ce fut le début d’une progressive sectorisation : Jean-Pierre HUSKIN développant la chirurgie arthroscopique et étant actif en chirurgie du genou et en traumatologie sportive, Philippe GILLET développant la chirurgie du rachis, se voyant confier la traumatologie, s’engageant dans l’aventure des allongements de membres selon la technique d’Ilizarov qui avait conquis l’Europe de l’ouest à l’époque, Roger LEMAIRE, particulièrement intéressé par les domaines de la chirurgie arthroplastique et de la biomécanique restant aussi la référence en chirurgie orthopédique « générale » compte tenu de ses larges compétences transversales entretenues par l’historique d’une orthopédie-traumatologie « polyvalente » à Liège.
Jacques MAGOTTEAUX et Roger LEMAIRE en 1983 devant René VERDONK.
Il faut également rappeler la contribution de Jacques MAGOTTEAUX, chirurgien orthopédiste adulte et pédiatrique qui avait son activité principale en dehors de l’Hôpital Universitaire mais qui depuis longtemps déjà était le consultant en chirurgie orthopédique pédiatrique à Liège, il le restera pendant plus de 40 ans, jusqu’en 2018 !
C’est en octobre 1987 que le service de chirurgie orthopédique déménagea sur le site du CHU Sart-Tilman, avec les derniers services cliniques restés à Bavière. L’équipe comprenait Roger LEMAIRE, Jean-Pierre HUSKIN, Philippe GILLET et Jacques MAGOTTEAUX. Elle était renforcée par quelques assistants en formation. En 1989, Philippe GILLET défendit une thèse dans le domaine de la chirurgie du rachis traumatique, il s’agissait de la première thèse en chirurgie orthopédique de l’Université de Liège. Il avait eu l’opportunité de s’engager dans la grande aventure du CD (l’instrumentation de Cotrel-Dubousset) qui avait révolutionné, à la fin des années 1980, la chirurgie du rachis grâce à Yves COTREL de Berck Plage et à Jean DUBOUSSET de Paris.
Pendant une quinzaine d’années, le service a fonctionné en privilégiant progressivement une sectorisation des activités mais tout en entretenant par nécessité une grande polyvalence individuelle, l’équipe restant restreinte. Nebosja POPOVIC rejoignit Liège dans les années 1990 ; ancien médaillé olympique, il avait développé en Yougoslavie une compétence spécifique en pathologie sportive. Il défendit à Liège une thèse sur la pathologie traumatique du coude dans le handball. Alfredo RODRIGUEZ, d’origine espagnole, travailla une dizaine d’années dans le service avant de retourner sous le soleil d’Espagne.
En 2002, la direction du Service de Chirurgie de l’appareil locomoteur fut confiée à Philippe GILLET. L’équipe restait restreinte, des arrivées n’ayant que compensé des départs. Il fallut une dizaine d’années pour développer le service sous sa forme actuelle, avec comme principe d’organisation :
chaque chirurgien senior doit être compétent dans deux domaines, chaque chirurgien senior doit avoir une compétence minimale en traumatologie, chaque domaine doit être couvert par au moins deux chirurgiens seniors. A l’aube des années 2020, près de 35 ans après l’individualisation par l’Université de Liège d’une chaire en Chirurgie de l’appareil locomoteur dont le premier responsable et le moteur fut Roger LEMAIRE, le service travaille sur les deux sites du CHU possédant une hospitalisation et un bloc opératoire, le Sart-Tilman et l’ancienne clinique Notre-Dame des Bruyères, il a en plus des activités de consultation sur trois autres sites périphériques. Il se compose de dix chirurgiens seniors et de huit assistants. Parmi les chevilles ouvrières qui animeront le service pendant de longues années, citons William KURTH pour les tumeurs, infections, arthroplasties, Thierry THIRION pour les arthroplasties, la chirurgie arthroscopique, Christophe DANIEL pour le genou et la traumatologie sportive, Xavier MAHIEU pour l’épaule et le coude, Codrut VALCU pour la traumatologie, les infections et la chirurgie du pied, Isabelle SCHROUFF pour la chirurgie orthopédique pédiatrique. Philippe GILLET partage avec le service de neurochirurgie la prise en charge des pathologies rachidiennes. Par ailleurs le CHU a gardé un service individualisé de chirurgie de la main et des nerfs périphériques, héritage de celui crée par Georges LEJEUNE et dirigé pendant de longues années par Alain CARLIER ; il est actuellement sous la direction administrative du chef de service de chirurgie de l’appareil locomoteur et accueille en rotation des assistants en chirurgie orthopédique et en chirurgie plastique.
Terminons sur une anecdote historique, la création, enfin, de la première salle d’opération propre dédiée à la chirurgie orthopédique à l’ancien Hôpital de Bavière : la « Salle Walther ». En 1964, un nouveau service de neurochirurgie fut confié au Professeur Joël BONNAL et localisé dans un autre bâtiment de l’Hôpital de Bavière. Ceci libéra une petite salle d’opération connue sous le nom de « salle Walther ». Le Professeur HONORE saisit cette occasion pour réserver cette salle aux opérations sur l’appareil locomoteur, alors qu’elles se faisaient auparavant dans une des quatre salles en alternance avec des opérations de chirurgie digestive ou autre. Cela permit de réaliser la chirurgie ostéo-articulaire dans de bonnes conditions d’asepsie. C’était l’époque où, sous l’influence de l’A.O. (Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen), de nombreux chirurgiens s’étaient convertis à l’ostéosynthèse des fractures par des plaques vissées, dont il existait une grande variété. Il s’ensuivit un certain nombre de complications infectieuses que l’utilisation de la salle Walther évita, d’autant plus que le Professeur HONORE avait limité très sévèrement l’usage des plaques vissées, pour lui préférer l’enclouage centro-médullaire à foyer fermé dans tous les cas où il était possible, et le fixateur externe de Lambotte dans les autres cas. Cette petite salle permit aussi, dès 1969, de réaliser des arthroplasties par prothèse totale de hanche avec un taux d’infections proche de zéro. Un nouveau bloc opératoire plus moderne fut ensuite construit dans l’enceinte de l’Hôpital de Bavière, et permit pendant plusieurs années d’opérer dans des conditions plus confortables et plus sûres encore, jusqu’au transfert au CHU du Sart-Tilman.
3. EVOLUTION DE LA RECHERCHE ORTHOPÉDIQUE EN BELGIQUE
Dans son premier ouvrage, publié en 1907, Albin LAMBOTTE48 écrit « La présente étude a été projetée et même commencée, il y a treize ans. Déjà à cette époque j’étais convaincu de l’utilité de l’intervention chirurgicale dans beaucoup de fractures et l’avenir de cette méthode de traitement me paraissait une conséquence logique des progrès de la technique chirurgicale. Cette conviction m’était venue, pour la raison fort simple que j’avais eu maintes fois l’occasion de voir intervenir dans les fractures fermées, par mon frère Elie LAMBOTTE, alors que j’étais son interne au Lazaret de Schaerbeek en 1888, 1889 et 1890. Déjà à cette époque les fractures obliques de la jambe étaient incisées par lui, de propos délibéré, et les fragments réunis par des fils métalliques ou des vis. Les suites absolument simples de ces interventions m’avaient vivement frappé et l’excellence des résultats obtenus m’avait persuadé que là était vraiment la thérapeutique rationnelle des fractures avec déplacement »… « Mes idées sur l’intervention chirurgicale dans les fractures se sont nettement précisées dans ces dernières années. Commençant par les cas où l’intervention s’imposait formellement, j’ai peu à peu élargi le cadre des indications et je l’étends chaque jour davantage, ce qui se justifie et par l’amélioration progressive de la technique opératoire et par les résultats qui sont de plus en plus certains et plus parfaits. De grands progrès sont certes encore à accomplir ; bien des lacunes sont encore à combler ; la route est à peine tracée, elle conduit vers un horizon immense. Cependant, actuellement, grâce au nombre déjà considérable d’opérations que j’ai pratiquées, je puis affirmer que l’ostéosynthèse a droit à une large place dans la pratique chirurgicale ».
Albin LAMBOTTE a innové, il a expérimenté ses méthodes sur les patients qui lui étaient confiés. A la fin de sa longue carrière il colligea en quatre gros volumes, toutes les interventions qu’il pratiqua à partir de 1895. Il n’a jamais testé ses méthodes de façon expérimentale sur des animaux d’expérience. Ses innovations ont été développées dans la ligne de la recherche clinique de la fin du XIXe siècle49, essentiellement sur base d’études rétrospectives de dossiers bien tenus et surtout bien illustrés.
Le premier travail expérimental avec étude « préalable » chez l’animal que nous avons retrouvé et qui émane de l’école de LAMBOTTE est la thèse de Jean VERBRUGGE50 publiée en 1936 à Bruxelles par VROMANT et Cie, imprimeurs-éditeurs. Ce petit ouvrage de 72 pages est la quête d’un matériau d’ostéosynthèse résorbable : « L’utilisation du Magnésium dans le traitement chirurgical des fractures ». La partie expérimentale a été réalisée avec la collaboration du Docteur SCHERER, chef de travaux à l’Institut Bunge à Berchem. L’auteur a opéré une trentaine de lapins et il rapporte 35 ostéosynthèses chez des patients. La plaque en magnésium se résorbait in fine mais avec une réaction inflammatoire majeure et libération de gaz. C’est donc une recherche qui n’a pas abouti à un progrès technique utilisable en clinique. L’application clinique a dans cet ouvrage été réalisée en même temps que l’expérimentation animale.
René LERICHE (1879-1955)51 a publié en 1939 dans le cadre de ses leçons au Collège de France une synthèse de 460 pages sur la physiologie et la pathologie du tissu osseux. C’est une extraordinaire compilation des connaissances qui se termine par 16 pages de bibliographie faisant principalement référence aux propres travaux de l’auteur réalisés avec POLICARD, SANTY HAOUR de Lyon, FONTAINE, JUNG, BRENCKMANN, FROELICH de Strasbourg. Dans son introduction, l’auteur fait un long panégyrique sur les limites de l’expérimentation animale. La recherche en chirurgie orthopédique était essentiellement une recherche clinique basée sur les observations détaillées d’évolutions cliniques. Plus tard, en 194952, LERICHE traitera dans trois chapitres différents la recherche à l’échelle tissulaire, la recherche en chirurgie et l’expérimentation en chirurgie. Il nuancera sa position lapidaire de 1939 : « j’appelle recherche pure celle qui n’est pas le fruit du hasard clinique, mais le résultat ordonné d’une méditation intellectuelle…/…Elle peut se faire aussi bien avec l’homme qu’avec des animaux…/…c’est l’homme qui est le point de départ et la fin. L’animal n’est qu’un moyen. »
Les recherches de l’école de Pierre LACROIX
Pierre LACROIX fut proclamé docteur en médecine de l’Université Catholique de Louvain en 1933, avec la plus grande distinction. Dès 1928, et jusqu’en 1935, il participa activement à de nombreuses recherches dans le laboratoire de cytologie du professeur Victor GREGOIRE. D’octobre 1933 à janvier I936, il fut assistant full-time de chirurgie dans le service universitaire du professeur Georges DEBAISIEUX. Il fut lauréat du Concours des bourses de voyage du gouvernement en 1935, Belgian American Graduate Fellow in Orthopaedic Surgery à Harvard de septembre 1936 à septembre 1937, date de son retour à l’UCL comme chargé de cours. Pierre LACROIX avait donc dès le début de sa carrière choisi une orientation « recherche » à côté de sa formation chirurgicale. C’est ce que l’on appelle maintenant un parcours MD/PhD.
En avril 1949, Pierre LACROIX53 publie un petit livre qui deviendra un classique et sera réédité à de nombreuses reprises et traduit en langue anglaise : « L’organisation des os ». Dans cet ouvrage fondateur, encore régulièrement cité de nos jours, il pressent intuitivement, à la faveur de ses expériences de transplantation du périoste tibial du chien sous la capsule du rein, et alors que les cytokines sont encore totalement inconnues des biologistes, qu’il existe un principe matriciel inducteur de l’ostéogenèse54,55,56 qui sera identifié plus bien plus tard par URIST, comme étant la Bone Morphogenic Protein (BMP)57,58,59. Pierre LACROIX était un morphologiste, inspiré de la méthode expérimentale de Claude BERNARD. Dans son introduction, il décrit dès la première phrase la méthodologie qu’il appliquera avec ses élèves tout au long de sa carrière et qui mènera à des découvertes majeures qui ont permis de mieux comprendre l’os, ses mécanismes de guérison et sa réaction aux traumatismes locaux et à distance. Pierre LACROIX écrit : « Deux disciplines, l’une faisant du microscope et de l’ampoule à rayons X les instruments principaux, l’autre utilisant les techniques de biochimie, se consacrent aux problèmes que pose l’étude de l’organisation des os. Le présent ouvrage appartient à la première de ces disciplines. Mais il néglige si peu la seconde qu’il conduit plus d’une fois à donner le pas aux préoccupations d’ordre biochimique sur celles qui ressortissent traditionnellement à la morphologie ».
Pendant toute sa carrière qui se termine inopinément en 1971, Pierre LACROIX a poursuivi des recherches morphologiques comparant sur les mêmes coupes les images histologiques et les images en microradiographie. La technique histologique a été enrichie de la découverte du marquage séquentiel par des tétracyclines de couleurs différentes ayant une affinité particulière pour l’os naissant. Ce marquage qui deviendra triple a permis de mieux approcher la compréhension des mécanismes de croissance et de remodelage du tissus osseux. Cette technique originale bientôt adoptée par tous les histologistes osseux y compris dans l’étude clinique de l’ostéoporose a été publiée en 1959 par Jean-Pierre GHOSEZ60 qui sera Président de la SORBCOT en 2000. D’autres marqueurs ont été découverts ultérieurement61.
Les travaux de l’école de LACROIX ont principalement été publiés sous forme de monographies constituant les thèses d’agrégation de l’enseignement supérieur de ses élèves.
Le premier de ses élèves fut Jacques VINCENT (1928-1964) qui fut diplômé docteur en médecine en 1952. Il a effectué deux années de formation hospitalière, avant de poursuivre ses travaux de recherche déjà entamés pendant ses études dans le laboratoire de Pierre LACROIX. Ceci le mène à défendre sa thèse d’agrégation de l’enseignement supérieur en janvier 1956 : « Recherche sur la constitution de l’os adulte »62. II a pu mettre en évidence les bases du remaniement de l’os cortical diaphysaire par la présence, au sein d’un ostéone, d’un liseré préosseux qui est le lieu du premier stade de sa reconstruction. Il fut nommé Chargé de cours à l’Université Lovanium à Léopoldville pour y enseigner l’anatomie, l’embryologie et l’histologie. En 1957, il est nommé professeur ordinaire et assume la fonction de doyen de la jeune Faculté. Il poursuivra sa carrière à Lovanium jusqu’en 1964, année au cours de laquelle sa santé s’est gravement dégradée. C’est dans son laboratoire que Stanislas HAUMONT a poursuivi ses recherches sur le zinc dans le tissu osseux.
Jacques VINCENT photo publiée dans le n°8 de la revue RECIPE 1964.
Robert PONLOT (1923-2008) a défendu sa thèse sur le radio-calcium dans l’étude des os en 196063. Il poursuivra une carrière de chirurgien cardio-thoracique64. Léopold COUTELIER publie en 1969 sa thèse sur la guérison des fractures65. LACROIX résumera les travaux de son élève dans une courte synthèse de 9 pages66.
Pierre DE NAYER diplômé en 1962 a eu une activité de recherche régulière et intense au sein du laboratoire durant et après sa formation de spécialiste (1962-1972). Il a en particulier étudié l’effet des traumatismes et de l’immobilisation sur le cartilage de conjugaison en cours et en fin de croissance67,68. Ses travaux expérimentaux réalisés chez le chien ont été confrontés avec des observations cliniques. Il a pu expliquer un effet paradoxal des fractures du squelette des membres inférieurs chez l’enfant. Celles-ci provoquent régulièrement un allongement du membre chez le petit enfant alors que chez l’adolescent, on peut observer une perte de croissance par fermeture prématurée des cartilages de croissance. L’étude histologique et micro-radiographique des pièces prélevées chez l’animal a pu élucider les mécanismes fins de ces réactions qui diffèrent en fonction de l’état de maturité du cartilage. Dans la continuité du travail de P. LACROIX et R. PONLOT qui avaient décrit et présenté à la tribune de la Société la bande de raréfaction métaphysaire posttraumatique69, dite bande de LACROIX, et des travaux de P. LACROIX et A. VINCENT sur l’ostéoporose post-traumatique chez l’enfant70, il a démontré que la strie de Harris est la séquelle d’une réaction de protection qui s’oppose à la fusion du cartilage.
Pierre LACROIX publie une synthèse de ses travaux en 1970 dans les Archives de Biologie71, texte qui sera repris en langue anglaise la même année dans un ouvrage intitulé « The biochemistry and physiology of bone » publié aux Academic Press, New York.
Antoine DHEM (1932-2021) qui avait terminé sa thèse sur « Le remaniement de l’os adulte72 » dans le laboratoire de LACROIX fonde son propre laboratoire qui deviendra le laboratoire de Morphologie (MORF). Ses travaux et ceux de son équipe furent consacrés à l’histophysiologie de l’os normal et pathologique et en particulier à la sénescence qu’il démontre en partie liée, en dehors du ralentissement de l’ostéogenèse, au délitement des lamelles centrales des systèmes haversiens73. Dans sa thèse, Catherine BEHETS mettra en évidence que ce délitement est associé à des modifications quantitatives et qualitatives de l’os sénescent, dont une redistribution tridimensionnelle sélective de son remaniement74.
DHEM a contribué occasionnellement à la formation des futurs spécialistes et aux activités scientifiques de la SORBCOT en partageant ses connaissances fondamentales sur la biologie normale et la pathologie de l’os. Parmi ses ouvrages ayant un lien avec la pratique orthopédique, on peut citer une contribution au tome 10 du Traité de radiodiagnostic75, rédigée en collaboration avec son maître LACROIX et son collègue André VINCENT.
Pendant ses séjours à Berck et à Heinola, Jean-Jacques ROMBOUTS s’est intéressé aux conséquences des inflammations articulaires sur la croissance76,77,78. Dans la filiation de l’œuvre morphologique de LACROIX, les élèves anatomistes de DHEM poursuivent des travaux ayant trait à l’embryologie et à l’ontogénèse du squelette. Michèle GORET-NICAISE identifie dans la symphyse mandibulaire humaine en croissance, un tissu calcifié intermédiaire jusque-là inconnu79. Elle met clairement en évidence que celui-ci est, par son ultrastructure, sa composition biochimique et son mode de minéralisation original, totalement distinct du tissu osseux et du cartilage et le dénomme tissu chondroïde80. Benoît LENGELE démontre ensuite que celui-ci est le vecteur initial et spécifique de l’ossification membraneuse et de la croissance crânienne81, mais également qu’il est ubiquitaire dans le squelette axial et appendiculaire, sur les enthèses, à l’endroit précis de la virole périchondrale de LACROIX et sur les sites de croissance rapide. En collaboration avec Christian DELLOYE, il met aussi en évidence que le tissu chondroïde est spécifiquement induit lors du temps de distraction de l’ostéogénèse selon le procédé d’Ilizarov, alors que le temps de compression est caractérisé par un retour à la chondrogenèse82. Dans sa thèse, LENGELE établit donc l’hypothèse que ce tissu original est probablement l’ancêtre phylogénétique commun de tous les tissus calcifiés squelettiques et dentaires, présent aux phases initiales de l’ontogenèse et ensuite réactivé dans tous les phénomènes de croissance rapide sous contraintes extrinsèques. Cette hypothèse sera confirmée par d’autres auteurs, paléontologues, suite à sa mise en évidence dans de nombreux os fossiles dinosauriens83.
Après la mort de Pierre LACROIX en 1971, la direction du laboratoire de chirurgie orthopédique de l’UCL reviendra à Léopold COUTELIER qui avait défendu sa thèse en 1969. Pol (Léopold) COUTELIER, après sa formation chirurgicale et orthopédique à Namur dans le service de René ROMBOUTS, a pratiqué au Congo Belge où il a particulièrement étudié l’os lépreux84,85. Professeur à temps partiel à l’Institut Tropical d’Anvers, il a dirigé plusieurs thèses d’agréation de l’enseignement supérieur. Il s’est aussi dévoué au développement des Acta Orthopaedica Belgica dont il fut rédacteur.
Léopold COUTELLIER
En 198286, Wladyslav LOKIETEK, avec le soutien du laboratoire de physiologie de Georges MARECHAL, présenta sa thèse intitulée « Idiopathic scoliosis. Surgical and experimental investi-gation ».
Christian DELLOYE (1952-2019)87, après deux ans comme aspirant FNRS au laboratoire puis à la McGill University chez Francis GLORIEUX, a développé la banque de tissus créée en 1982. Sa thèse est publiée en 1990 « The bridging capacity of a cortical bone defect by different bone grafting materials and diaphyseal distraction lengthening ». Elle est l’illustration d’une recherche fondamentale à application clinique rapide. Cette banque de tissus est devenue un des centres européens qui peuvent s’enorgueillir de donner aux chirurgiens belges et étrangers des implants osseux et ligamentaires les plus adaptés aux besoins de chacun et répondant aux normes les plus récentes de la science. Cette activité dotée d’une organisation performante n’est que l’application clinique de sa recherche fondamentale sur les allogreffes. Sa principale activité clinique, avec Pierre DE NAYER d’abord et après lui ensuite, a été la chirurgie conservatrice des tumeurs de l›appareil locomoteur. Après l’éméritat de Christian DELLOYE, cette activité sera poursuivie par Thomas SCHUBERT chez l’adulte et par Pierre-Louis DOCQUIER chez l’enfant.
La banque d’os a bénéficié d’une structure ultramoderne inaugurée en mai 200088. Elle a permis de répondre aux exigences de la législation par la création d’une salle blanche de classe 1000 et d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherches dans la culture des cellules et dans l’ingénierie tissulaire.
Everard MUNTING, soutenu par deux mandats du service de « Programmation de la politique scientifique du Premier Ministre », a consacré quatre ans à une recherche sur les interfaces entre l’os et les matériaux. Il fut l’un des premiers à réaliser une projection d’hydroxyapatite sur du métal89 avec l’aide technique d’une firme gantoise. Il a pu mettre au point une prothèse de hanche originale sans ciment acrylique destinée à des patients jeunes90. Le travail expérimental a fait l’objet de sa thèse d’agrégation défendue en 1996 « Development, experimental and clinical evaluation of a stemless hip prosthesis ».
Olivier CORNU
Olivier CORNU a collaboré avec Christian DELLOYE au sein de la banque d’os de l’UCL91,92. Il a défendu sa thèse dans ce domaine en 201093,94. Il a repris la direction du service d’orthopédie des Cliniques Universitaires Saint-Luc en 2013. En 2018, il a repris le poste de rédacteur des Acta Orthopaedica Belgica.
Xavier BANSE95 a combiné l’étude morphologique des os dans la tradition du laboratoire de Pierre LACROIX et des évaluations mécaniques de la résistance de l’os. Il a défendu sa thèse96,97 sur ce sujet en 2002.
Des travaux de recherche ont été poursuivis dans cette ligne avec dorénavant la participation d’ingénieurs et ont abouti aux thèses de Maryline MOUSNY98, et de Thomas SCHUBERT99.
Des travaux de recherche ont été menés en collaboration avec des ingénieurs en vue d’améliorer la précision chirurgicale dans la résection de tumeurs osseuses. Ceci a abouti à la réalisation de trois thèses : celle de Pierre-Louis DOCQUIER101,102,103 « Imaging and navigation improve accuracy in bone tumour surgery »104 et celles de deux ingénieurs : Laurent PAUL105 « Planification pré-opératoire et assistance intra-opératoire à la chirurgie des sarcomes du pelvis » et Olivier CARTIAUX106 « Evaluation d’outils d’assistance naviguée et robotisée à la découpe osseuse pour la chirurgie des tumeurs du pelvis ».
Le laboratoire d’Orthopédie était une unité de recherche (sigle « ORTO ») du département de chirurgie de l’Université catholique de Louvain. Pendant la première décennie de ce XXIe siècle des réformes de la structure universitaire ont abouti à une séparation de la gestion de la recherche confiée aux « instituts » et de l’enseignement relevant des « facultés ». Le laboratoire d’orthopédie a été structurellement rattaché à l’IREC (Institut de Recherche Expérimentale et Clinique) et s’appelle dorénavant le « Neuro Musculo Skeletal Lab (NMSK) ». Son site est accessible à https://uclouvain. be/fr/instituts-recherche/irec/nmsk.
Les travaux ont pris une orientation multidisciplinaire, ce qui est la caractéristique actuelle de ce pôle de recherche. Outre les travaux cités plus haut, les thèses de doctorat défendues récemment sont les suivantes :
- Philippe MAHAUDENS (scolioses)
- Xavier LIBOUTON (analyse de la sensibilité fine du nerf médian)
- Emmanuel THIENPONT (analyse des axes biomécaniques de la PTG)
- Virginie CORDEMANS (positionnement optimal de vis pédiculaires sous contrôle CT peropératoire)
En cours et à venir :
- Hervé POILVACHE (analyse et techniques de destruction du biofilm bactérien dans les infections sur matériel)
- Ghadi El KHOURY (développement d›un outil d’analyse de la fonction de la main)
- Alexandre ENGLEBERT (intelligence artificielle dans l’analyse d’imagerie)
- Julie MANON (ingénierie tissulaire osseuse/cellules souches) - Robin EVRARD (ingénierie tissulaire osseuse/cellules souches)
- Delphine WAUTIER (facteurs visant à améliorer le résultat fonctionnel en arthroplastie de genou)
- Loïc FONKOUE (genicular nerve anatomy : from accuracy of anatomical landmarks to the treatment of knee osteoarthritis pain by genicular nerve blockade and radiofrequency ablation)
- Eric KOUASSI (locally-developed external fixator and impact on the stability of long bone diaphyseal fractures after osteosynthesis).
Aujourd’hui, les deux laboratoires MORF & NMSK, nés de la double filiation méthodologique et conceptuelle de P. LACROIX, persévèrent à entretenir, en pont durablement tendu entre ces deux héritages complémentaires, des collaborations étroites et convergentes qui intéressent les domaines fondamentaux les plus variés. Parmi ceux-ci, l’on peut mentionner : l’étude de l’arthrose expérimentale sur le genou du chien et sa prévention par un traitement à la calcitonine (C. BEHETS106) ou encore la recherche, sur des modèles de souris transgéniques, de la pathogénie moléculaire - et donc d’une potentielle thérapie ciblée - de l’achondroplasie ou de l’ostéogénèse imparfaite (P. DEPREZ107, T. ROELS108, M. CARDINAL109 et S. LAFONT110). D’autres sujets ont des implications cliniques plus immédiates comme la mise en évidence des ligaments méningo-vertébraux en imagerie rachidienne (C. GEERS111), la description d’une technique mini-invasive originale de fasciotomie sous-cutanée pour le syndrome des loges jambières (S. VANDERGUGTEN112) ou encore la codification précise d’une méthodologie optimalisée des blocs nerveux articulaires du genou en chirurgie prothétique (L. FONKOUE113,114).
Enfin, les projets futurs intéressent, pour contourner les aléas tardifs des allogreffes osseuses décellularisées ou des allotransplants vascularisés, la chirurgie régénérative de l’appareil locomoteur115,116. Celle-ci est étudiée sur des modèles où les matrices extracellulaires élémentaires décellularisées sont recolonisées en bioréacteur par des cellules souches du receveur avant d’être réimplantées et revascularisées. Ces modèles intéressent de façon hiérarchique croissante : le périoste (J. MANON, C. BEHETS et O. CORNU), les fragments d’os longs porcins (R. EVRARD, G. ROUGIER et T. SCHUBERT) ou la colonne polyarticulaire d’un greffon digital humain complet117 (J. DUISIT, L. MAISTRIAUX et B. LENGELE). Ces modèles pourraient, au terme des nombreux travaux en cours, encore préliminaires mais encourageants, constituer la porte d’entrée des premières applications cliniques de l’ingénierie tissulaire composite vascularisée de l’appareil locomoteur.
Les recherches dans la ligne de Robert DANIS
Robert DANIS118 (1880-1962) diplômé en 1904 à l’Université de Bruxelles, Docteur spécial en Sciences chirurgicales en 1912 et Agrégé en 1914 fut l’un des pionniers et des novateurs de la chirurgie des fractures. Il a également contribué aux progrès réalisés en pathologie digestive, vasculaire et mammaire. C’est à lui que revient la primeur de l’implémentation du concept de compression dans le traitement des fractures. Sa vision de la fixation et de la consolidation des fractures sera à la base des principes de Maurice MÜLLER et de l’AO119.
André DANIS (1915-2011) a travaillé au Laboratoire de Chirurgie expérimentale de l’Université libre de Bruxelles. C’était un esprit inventif et critique qui a régulièrement présenté ses travaux à la tribune de la Société Belge d’Orthopédie120,121,122. Il a présenté des communications remarquées à l’Académie Royale Belge de Médecine, en particulier le 27 janvier 2001 sur la technique d’Ilizarov.
Robert DANIS (1880-1962) André DANIS (1915-2011)
Une recherche remarquable à mettre au crédit de l’école de l’ULB est celle qui a été effectuée par le Centre interdisciplinaire de biomécanique osseuse (CIBO) dont les travaux et les minutes de ses congrès annuels ont été régulièrement publiés dans les Acta Orthopaedica Belgica. Ce centre mis officiellement en place dès 1971 par P. BLAIMONT, R. BOURGEOIS, F. BURNY et J. WAGNER regroupe des chercheurs de l’ULB et de l’ERM (Ecole Royale Militaire). Pol BLAIMONT (1932-2018), un des moteurs de la recherche biomécanique en Belgique, est l’auteur de 84 publications indexées dans PubMed.
Pol BLAIMONT fut Président de la SORBCOT en 1982-83 et a été particulièrement actif dans le développement de la société. Il fut titulaire durant de longues années de la chaire d’Orthopédie-Traumatologie du graduat à l’ULB et Maître de Stage du post-graduat. A ce titre il a marqué plusieurs générations d’orthopédistes qui l’ont côtoyé durant leur formation. Il était très respecté dans le monde orthopédique francophone, en particulier pour ses contributions biomécaniques et en tant que cofondateur de l’AOLF. Ces dernières années il s’intéressait plus particulièrement à la biomécanique de l’épaule. Il a aussi mis sur pied la fondation qui porte son nom, qui soutient la recherche orthopédique fondamentale par l’attribution d’un prix distribué par différentes Sociétés scientifiques francophones.
Franz BURNY, autre pionnier de la biomécanique osseuse, est un ardent défenseur du fixateur externe. Il a travaillé sur l’évaluation de la consolidation osseuse par des jauges de contraintes. Il a dirigé le service d’Orthopédie de l’Hôpital Erasme de 1981 à 2003. Il a servi la SOBCOT en tant que secrétaire des séances pendant de nombreuses années. Il a été l’initiateur de l’European Society of Biomecanics, créée à Bruxelles. Il est co-fondateur de l’European Society of Biomaterials.
Pierre OPDECAM (1935- ) qui deviendra le premier professeur d’orthopédie de la Vrije Universiteit te Brussel (VUB) a étudié les contraintes de vissage. Son étude comporte un volet morphologique qui a été réalisée dans le laboratoire de Léopold COUTELIER125.
L’histoire du laboratoire de recherche en orthopédie traumatologie du service d’orthopédie de l’Hôpital Erasme126 a été détaillée dans un article paru en 2011 sous la signature de Maurice HINSENKAMP (1947- ) qui a dirigé ce laboratoire établi sur le site de l’Hôpital Erasme à partir de 1981, jusqu’à son éméritat en 2012.
« En 1981, grâce à la mise à disposition des surfaces de laboratoires destinées aux cliniciens des secteurs hospitaliers de l’Hôpital Erasme au sein de l’IRIBHN par J. DUMONT, naissait l’embryon du Laboratoire de Recherche en Orthopédie Traumatologie (LROT). Reconnu ensuite comme unité indépendante au sein du Laboratoire Pluridisciplinaire de Recherche Expérimentale Biomédicale (LPREB), il allait développer ses activités en accueillant des étudiants en Sciences Appliquées pour leur projet de fin d’études. En 1984, le LROT participe à la création de l’Animalerie facultaire qu’il équipe en 1995 d’un banc de mise en charge dynamique MTS. Aujourd’hui, il partage avec l’Unité de Recherche et de Développement de la Banque de Tissus d’Erasme (BTE), un laboratoire de biologie cellulaire, un laboratoire de biomécanique et une cellule abritant le banc MTS de l’animalerie. »
Les travaux de ce laboratoire ont été orientés dans les domaines suivants : (1) le monitoring de la consolidation des fractures (2) la mesure des contraintes mécaniques générées au sein du tissus osseux par différents types d’activités y compris la microgravité dans le but de prévenir l’ostéoporose de décharge (3) l’étude des effets des champs électromagnétiques sur la différenciation cellulaire (4) l’évolution du comportement viscoélastique du cal pendant la consolidation osseuse (5) l’étude et l’amélioration des substituts osseux produits par la Banque d’Os et de Tissus Erasme (6) l’étude de la maladie de Kashin-Beck au Tibet central (7) le programme de télédiagnostic de la SICOT (8) la biomécanique des implants filetés.
De nombreuses thèses doctorales ont été défendues par les membres du service d’Orthopédie de l’ULB :
1976 F. BURNY (J. Van Geertruyden) Biomécanique de la consolidation des fractures. Mesure de la rigidité du cal in vivo. Etude théorique, expérimentale et clinique. Application à la théorie de l’ostéosynthèse.
1987 M. ROOZE J. (J. Milaire) Etude de la genèse des malformations des membres provoquées chez la souris par l’administration de deux agents tératogènes : l’hadacidine et la cytosine arabinoside. 1990 M. HINSENKAMP (F. Burny) Stimulation électromagnétique de la croissance et de la consolidation osseuse.
1991 F. SCHUIND (F. Burny) Transmission des forces au niveau du poignet. Application d’une technique analytique de calcul des pressions articulaires de contact.
1991 R. GUNZBURG (J. Wagner, F. Burny) Contibution à l’étude du rachis lombo sacré. Rotation et flexion rotation. Approche étiopathogénique de la lombalgie discale.
1992 B. MOKASSA (J. Wagner, F. Burny) Contribution à l’étude de l’os spongieux de l’épiphyse proximale du tibia (thèse au grade scientifique).
1993 Y. ANDRIANNE (F. Burny) Les implants filetés de fixation externe. Etude des caractéristiques d’insertion et d’ancrage. Etude de la biocompatibilité.
1997 J.P. MOERMANS (F. Burny) Place of segmental aponeurectomy in the treatment of Dupuytren’s disease.
2001 F. MATHIEU (M. Hinsenkamp) La maladie de Kashin-Beck : clinique, imagerie et traitement de kinésithérapie.
2003 Th. LELOUP (F. Schuind) Reconstruction 3D et navigation à partir de quelques projections centrales. Applications à la traumatologie des os longs.
2003 F. PANDA (F. Burny) La fixation externe des fractures et des ostéotomies en République Démocratique du Congo (Université de Kinshasa, Congo).
2004 L. FABECK (F. Burny) Application de la biomécanique et de l’analyse cinématique de la hanche durant la marche à la théorie de la régression de l’antéversion du col fémoral en croissance.
2010 M. MUKISI MUKASA (F. Burny) Ostéonécrose drépanocytaire de la tête fémorale. Fréquence, facteur de risque, diagnostic.
2016 J.F. COLLARD (M.Hinsenkamp) Etude des effets d’un courant éléctrique pulsé de basses fréquences sur les kératinocytes humains.
La succession a été assurée par Frédéric SCHUIND qui a poursuivi la dynamique de recherche et a été le promoteur des thèses suivantes :
2011 : « Les altérations des mouvements rotatoires de l’épaule après lésion obstétricale du plexus brachial : clinique, chirurgie et analyse de facteurs pronostiques objectifs », J. BAHM, Faculté de Médecine, Université libre de Bruxelles.
2013 : « Reconstruction 3D et navigation à partir de quelques projections centrales. Applications à la traumatologie des os longs », Th. LELOUP, Faculté des Sciences Appliquées, Université libre de Bruxelles.
2014 : « Le complexe scapho-lunaire, un nouveau concept ! Un autre regard sur l’instabilité du carpe », L. VAN OVERSTRAETEN, Faculté de Médecine, Université libre de Bruxelles.
2015 : Lê THUA TRUNG HAU: « Multimodality treatment of soft tissue and bone defects : from tissue transfer to tissue engineering ».
2020 : F. MOUNGONDO et E. CAMUS défendront leur thèse dès que possible compte tenu de l’évolution de la pandémie (mai 2020).
Plus récemment, Frédéric SCHUIND a développé une collaboration avec l’IMI (Institut d’Immunologie Médicale de Gosselies) et avec les ingénieurs biomécaniciens de l’ULB.
Marcel ROOZE (1949- ) partagé entre l’orthopédie127 et son service d’Anatomie humaine, étendra les domaines de compétence de son « Laboratoire d’anatomie et d’embryologie humaine » en le rebaptisant « Laboratoire d’anatomie biomécanique et d’organogenèse » (LAB). Il contribua aux thèses de doctorats et aux mémoires de nombreux orthopédistes.
Les recherches à Liège
Le 18 avril 1953, Albert DUCHENE128 de Liège présente à la tribune de la Société Belge d’Orthopédie le concept d’impaction des fragments fracturaires avec une instrumentation originale. La compression dans le traitement des fractures était née. DESENFANS129 lui répond en évoquant la possibilité de distraction avec ce matériel, 30 ans avant ILIZAROV.
Paul MAQUET130 est diplômé de l’université de Liège en 1953. Il a acquis sa formation chirurgicale à l’Hôpital militaire de Bruxelles puis à Liège avec DUCHENE. Il a été assistant dans le service du Professeur ORBAN à Liège puis affecté aux Hôpitaux militaires belges de l’Allemagne occupée (Soest et Cologne) avant de s’installer en privé à Liège. Il a ensuite poursuivi ses travaux de recherche en solitaire à Aywaille. Son long séjour en Allemagne lui a permis de fréquenter le maître d’Aix-la-Chapelle, Friedrich PAUWELS131 (1885-1980) dont il a développé les idées et concepts132. Paul MAQUET est le concepteur d’une intervention originale destinée à traiter les chondropathies rotuliennes et l’arthrose fémoro-patellaire. Cette opération a été présentée à la communauté internationale en 1976133.
Roger LEMAIRE, qui a dirigé le premier service d’orthopédie de l’Université de Liège, a eu une activité de recherche considérable mais c’était essentiellement de la recherche clinique rétrospective sur des grandes séries de dossiers soigneusement tenus et étudiés134. Il est né en 1937, a été admis à l’Académie de Médecine comme membre correspondant en 1993, promu titulaire en 2001 et admis à l’honorariat en 2007. Ses travaux personnels et ceux qu’il a encadrés dans son service étaient essentiellement consacrés à la traumatologie, aux opérations biomécaniques (par exemple une comparaison des différentes techniques d’ostéotomie autour du genou), à l’arthroplastie de la hanche et du genou avec en particulier un intérêt développé pour le suivi de l’usure des interfaces articulaires et l’évolution de la fixation osseuse des implants grâce à la radiologie assistée par des logiciels informatiques.
Son successeur, Philippe GILLET s’est également consacré à la recherche clinique, principalement dans le domaine de la chirurgie du rachis (traumatologie, pathologie lombaire dégénérative, arthrodèses rachidiennes135, spondylolisthésis136). Il a mené des travaux biomécaniques en collaboration avec des ingénieurs sur l’ostéosynthèse des fractures du rachis, aboutissant à sa thèse de doctorat défendue en 1989137. Il a proposé une technique originale d’ostéosynthèse des spondylolyses138. Nebosja POPOVIC a mené des travaux biomécaniques et cliniques dans le domaine de la pathologie traumatique sportive du coude139,140,141,142,143 qui ont abouti à la défense de sa thèse de doctorat. Le service de chirurgie orthopédique du CHU de l’Université de Liège a offert son soutien à de nombreuses recherches développées au laboratoire de rhumatologie du Professeur Michel MALAISE (travaux sur le cartilage) et a collaboré à des travaux dans le domaine de la santé publique (ostéoporose, outcome measures), menés par le service de médecine physique.
Au cours de ces dernières années, le service de Chirurgie de l’appareil locomoteur du Sart-Tilman a donc privilégié une recherche transdisciplinaire en collaboration avec les services de rhumatologie, de médecine physique, le département de santé publique, les Facultés des Sciences et des Sciences appliquées de l’Université de Liège.
Références
1 Allocution de Président Robert SOEUR. Acta Orthop Belg. 1955; 21 : 230-231.
2 LITT R. THYS R. Acta Orthop Belg. 1998 ; 64 suppl. II : 33-37.
3 Les Statuts d’Orthopaedica Belgica ont été publiés dans les deux langues dans le recueil administratif de 1983. 4 Voir également : Maîtrise Orthopédique n°173, avril 2008, interview de J.J. ROMBOUTS.
5 LITT R, THYS R. Enseignement, formation, contrôle des connaissances. Acta Orthop Belg. 1998 ; 64 suppl. II : 33-37.
6 Arrêté Royal n°79 du 10 novembre 1967 relatif à l’Ordre des médecins (M.B. 14/11/1967 ; Err. M.B. 12/06/1968).
7 L’Arrêté royal n° 78 du 10 novembre 1967 relatif à l’exercice des professions des soins de santé a fait l’objet de plusieurs adaptations dont celles établies par l’article 35sexies, inséré par la loi du 19 décembre 1990 et modifié par la loi du 10 décembre 2009.
8 L’AR 78 a été coordonné le 10 mai 2015 (publication au M.B. 17/06/2015).
9 L’arrêté royal du 21 avril 1983 fixant les modalités de l’agréation des médecins spécialistes et des médecins généralistes (M.B. 27/04/1983).
10 L’arrêté ministériel du 30 avril 1999 fixant les critères généraux d’agréation des médecins spécialistes, des maîtres de stage et des services de stage (M.B. 29/05/1999).
11 L’arrêté ministériel du 23 avril 2014 fixant les critères généraux d’agrément des médecins spécialistes, des maîtres de stage et des services de stage (M.B. 27/05/2014).
12 Arrêté ministériel du 23 mai 2019 modifiant l’AR du 23/04/2014 fixant les critères généraux d’agrément des médecins spécialistes, des maîtres de stage et des services de stage (M.B. 07/06/2019).
13 Arrêté ministériel du 14 mai 2019 portant approbation du règlement d’ordre intérieur de la commission d’agrément des médecins spécialistes en chirurgie orthopédique (M.B. 20/08/2019).
14 Allocution de Président Robert SOEUR. Acta Orthop Belg. 1955; 21 : 230-231.
15 VERBRUGGE J. Beginselen van orthopedische geneeskunde en fysicothérapie, 1 vol de 404 pages publié à Antwerpen. Uigeverij ontwikkeling ; 1957.
16 LITT R, THYS R. Enseignement, formation, contrôle des connaissances. Acta Orthop Belg. 1998 ; 64 suppl. II : 33-37.
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25 Hôpital Erasme. Historique de l’hôpital et de ses extensions de 1968 à 1979. https://www.erasme.ulb.ac.be/fr/a-propos-de-l-hopital/historique/historique-de-l-hopital-et-de-ses-extensions-de-1968-a-1979. Consulté en mai 2020.
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30 http://www.md.ucl.ac.be/histoire/intro.1835.htm
31 HAXHE J.J. Si Saint-Luc m’était conté. Plus de trente ans d’histoire : 1966-1996. I vol de 526 pages. Ed. RACINE. 2001.
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33 LACROIX P. L’organisation des os. 1 vol. 230 pp. Editions DESOER, Liège. 1949.
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36 En 1955, Jacques VINCENT publie ses recherches sur la constitution de l’os adulte (ARSCIA 1955). Robert PONLOT a développé l’usage du radiocalcium dans l’étude des os (Arscia et Masson 1960). Léopold COUTELIER a publié ses recherches sur la guérison des fractures en 1969 chez Arscia également.
37 VINCENT A. L’orthopédie, cinquante ans d’histoire. Pp. 363-373. In HAXHE J.J. Cinquante ans de médecine à l’UCL. Editions Racine, Bruxelles 2002.
38 BENTLEY G, DICKSON R. Obituary Robert Bucham DUTHIE. J. Bone and Joint Surg. 2006 ; 88B : 697-697.
39 VINCENT A. op.cit.
40 HAXHE JJ. Si Saint-Luc m’était conté Plus de trente ans d’histoire. Editions Racine, Bruxelles, 2001.
41 VINCENT A. Op.cit.
42 VINCENT A. Op.cit.
43 https://www.ovh-orthopedie.be/fr consulté en avril 2021.
44 BANSE X. When density fails to predict bone strength. Acta Orthop Scand. 2002 ; 73 suppl. 303 : 1-57.
45 https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Li%C3%A8ge, consulté en mai 2921.
46 HAVELANGE C. Les figures de la guérison (XVIIIe- XIXe siècle). Société d’édition « Les Belles Lettres », Paris. 1990.
47 https://www.uliege.be/cms/c_9038300/fr/historique, consulté en mai 2021.
48 Cette citation est reproduite à partir de l’article de A. DE WULF intitulé « Evolution des idées d’Albin LAMBOTTE » et publié en français (pp. 31-35) et en anglais (pp. 37-41) dans le livre « Les débuts de l’ostéosynthèse », volume édité à l’occasion du 50e anniversaire de la Société Belge de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie (1921-1971).
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