Partie 5 : Personalia

Comme évoqué dans l’introduction du présent ouvrage, l’histoire d’un groupe humain – en l’occurrence la Société Royale Belge de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie – c’est aussi et avant tout l’histoire des hommes. Et ici, ces hommes sont nombreux, qui ont fait la vie de la Société. Devant leur nombre, nous avons choisi de rappeler la liste des Présidents. Avant de la présenter, rendons hommage aux Fondateurs en rappelant la lettre qu’ils ont envoyée au monde de l’orthopédie belge au moment de la Fondation de la Société. C’est le faire-part de la naissance de la Société.

 

1.         LES PRÉSIDENTS, ANNÉE APRÈS ANNÉE

 

Malgré nos recherches, tous les Présidents ne nous sont malheureusement pas connus avec le même degré de détail. Nous présentons donc ici leur liste, année par année, avant de nous efforcer de personnifier un peu plus ceux pour qui nous pouvons le faire. Les principales ressources pour les premières années sont l’article de Richard BOUILLET1 paru dans le recueil administratif de 1982 et celui de Robert de MARNEFFE2 publié en 1998.

 

Tous différents

1921/1922/1923 Albin LAMBOTTE (1866-1955). Le maître d’Anvers, de très grande renommée internationale novateur et artiste aux mains d’or, et ami de James ENSOR.

1924/1925 Adolphe MAFFEI (1872-1945). Il avait présidé la Société de Chirurgie en 1922 et fut chargé de l’enseignement de la propédeutique chirurgicale à l’ULB entre 1929 et 1934. Il reviendra à la présidence de la Société d’Orthopédie en 1938. En novembre 1925, il est suppléé par Albert MARIQUE.

1926/1927 Albert KAISIN. Vice-président en 1921. Il dirigeait un institut d’orthopédie à Floreffe.

1928 Jean VERHOOGEN (1864-1950). Chirurgien bruxellois dont la clinique privée est classée au patrimoine de la Région, Secrétaire de la Société belge de Chirurgie de 1893 à 1900.

1929 Augustin VAN HAELST (1872-1948). Diplômé de l’UCL, formé à Vienne et à Heilderberg, installé à la Clinique Sainte-Rosalie à Gand où son fils lui succédera. Il participa à la fondation de la Société.

1930-1931 Jean DELCHEF (1882-1962). Un des fondateurs de la SICOT et chef d’équipe très dynamique à sa Clinique de Neerijse.

1932 Fernand NEUMAN (1879-1958). Diplômé de l’ULB en 1903, Après avoir rejoint l’Hôpital de l’Océan, il fut chirurgien de l’Hôpital militaire de CABOUR à partir du 25 avril 1915. Après avoir été adjoint de DEPAGE, il devint chef de service à l’Hôpital Saint-Pierre en 1922, puis à Brugmann. Il a été professeur de Clinique Chirurgicale à l’ULB. Il avait présidé la Société Belge de Chirurgie en 1930. Il fut nommé membre d’honneur en 1949.

1933 Charles PARISEL (1878-1963). Il fut assistant du service de chirurgie infantile de l’Hôpital Brugmann et l’adjoint d’Adolphe MAFFEI. Il a enseigné la propédeutique de chirurgie infantile en premier doctorat à l’ULB.

1934 Charles BONZON (1880-1957). Il fut responsable pour le traitement chirurgical des enfants au Stuyvenberg où il fut chef du service de chirurgie infantile de 1922 à 1936. Il avait présidé la Société Belge de Chirurgie en 1931.

1935 Charles DAM (1877-1939). Il pratique exclusivement la chirurgie osseuse à Bruxelles dès 1903. Il est appelé à la vice-présidence au décès de Mme DELCOURT-DERSCHEID. Très attaché à l’appareillage et à la rééducation des estropiés. Violoncelliste et ami d’Eugène YSAYE.

1936 Augustin VAN HAELST (1872-1948). Dans l’allocution “in memoriam” prononcée par Henri GLORIEUX le 23 octobre 1948, il est précisé qu’il a présidé la Société à trois reprises.

1937 Jean DELCHEF (1882-1962). Il revient à la présidence après 6 ans.

1938 Adolphe MAFFEI (1872-1945). Il succéda à Jules LORTHIOIR comme chef de service de chirurgie infantile de l’Hôpital Saint-Pierre. Il dirigea, en fin de carrière, le sanatorium marin de Bredene. Il est décédé en déportation au camp de Belsen.

1939/1945 Jean VERBRUGGE (1896-1963). Elève et successeur d’Albin LAMBOTTE, il obtint la première chaire universitaire d’Orthopédie à l’Université de Gand en 1948.

1946 Charles PARISEL (1878-1963). Bruxellois, il revient à la présidence après 13 ans. Il avait contribué à la formation de son successeur, Paul LORTHIOIR.

1947 Paul LORTHIOIR (1898-1982). Fils de Jules LORTHIOIR, il devint chef de service de chirurgie pédiatrique à Brugmann en 1953.

1948 Henri GLORIEUX (1893-1976). Médecin militaire, il dirigea les hôpitaux militaires de Bruges et d’Ostende et termina sa carrière avec le grade de général-médecin. Son père avait fondé le service d’orthopédie de l’Hôpital Saint-Jean à Bruges et son frère Pierre a décrit l’incidence radiologique spécifique mettant en évidence la spondylolyse.

1949 Paul KEMPENEERS. Bruxellois, il s’impliqua dans le développement du Centre d’Orthopédie et d’appareillage de l’Hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge de Belgique de 1940 à 1945 et il sera secrétaire de rédaction des Acta jusqu’en 1953.

1950 Edouard DELCROIX, orthopédiste à Ostende qui avait fréquenté en 1935 le service de Waldenström à l’Hôpital Saint-Görans.

1951 Octave COQUELET (1898-1960), orthopédiste à Bruxelles. Médecin-chef du centre de traumatologie DISCA à partir de 1933.

1952 Marcel SŒUR (1901-1986) de Charleroi, qui dirigea le service de traumatologie de l’Hôpital civil de Charleroi, et était médecin-chef de l’école clinique provinciale des estropiés de Charleroi où il tiendra son congrès.

1953 Pierre MARIQUE. Fils d’Albert MARIQUE (1875-1947) qui fut un des membres fondateurs de la société, il a été élève de Jules MOREAU et de Fernand NEUMAN.

1954 Henri BONET (°-1967). Elève de DELCHEF et de NOVE-JOSSERAND à Lyon, il s’est installé à Liège.

1955 Robert SŒUR (1904-1991). Il avait présidé la commission d’enseignement de la société en 1949, il a fondé une clinique privée à Bruxelles. Il développait des concepts novateurs en matière d‘ostéosynthèse.

1956 Boris BLANKOFF (1895-1973). Elève d’INGELRANS à Zuydcoote, de DELCHEF à Neerijse et de GALEAZZI à Milan, il fut médecin du sanatorium orthopédique de Bredene.

1957 Joseph CORNET de Bruxelles.

1958 Paul LORTHIOIR (1898-1982). Il revient à la présidence après 10 ans à l’occasion des journées chirurgicales de Bruxelles liées à l’exposition universelle. Il sera président du conseil provincial de l’Ordre des Médecins du Brabant de 1958 à 1965.

1959 Auguste THYES (1910-1967). Luxembourgeois, diplômé à Paris en 1935, élève d’OMBREDANNE, de HUC et de PUTTI, il a créé le premier centre de rééducation fonctionnelle du Grand-Duché du Luxembourg, membre depuis 1948.

1960 Georges DESENFANS. Elève de Jean VERBRUGGE, il fonda et dirigea le Centre de traumatologie minière de la caisse commune des charbonnages à Montignies-sur-Sambre.

1961 Jean-Louis PETIT (1910-1971). Diplômé de l’UCL en 1932, élève de Jean DELCHEF, il dirigea le service d’orthopédie du War Memorial à Bruxelles et était consultant à l’institut hélio-marin de Mariakerke.

1962 Jean VERBRUGGE (1896-1963). Président des années de guerre, il revient avec son aura académique.

1963 Alfred BREMEN (1902-1974) de Boussu. Elève de MATHIEU et de LERICHE, il a collaboré avec BONET de Liège avant de s’installer à Baudour.

1964 Marcel VAN DER GHINST (1913-1993). Elève de Robert DANIS, il a dirigé le service de Chirurgie de l’Institut médico-chirurgical d’Anderlecht jusqu’en 1978. Il fut en charge de l’enseignement de la propédeutique chirurgicale à l’ULB et à la VUB. Il siégea au Conseil provincial de l’Ordre des Médecins du Brabant de 1958 à 1970.

1965 Fernand PARISEL (1911-1998). Il a succédé à Boris BLANKOFF au Coq-sur-Mer avant de devenir Médecin directeur de l’Institut Reine Elisabeth à Oostduinkerke qui avait été fondé en 1957 à l’initiative de la ville de Bruxelles pour lutter contre la tuberculose osseuse.

1966 Marcel BELENGER (1908-1986). Il avait été secrétaire des séances dès 1947, il dirigea le Centre de Traumatologie de la Clinique des accidents du travail de Bruxelles. Son collaborateur et associé, Edouard VANDER ELST (1916-1987) a contribué largement à la mémoire de la Société dont il fut réellement le premier historien.

1967 Paul CASSART (1906-1983). Formé à l’ULB, il pratiqua plus de vingt ans dans les services de chirurgie infantile et d’orthopédie des hôpitaux Saint-Pierre et Brugmann avant de diriger le service d’orthopédie de l’Hôpital de Saint-Gilles.

1968 Pierre LACROIX (1910-1971). Professeur à l’UCL, titulaire de la deuxième chaire d’orthopédie créée en Belgique, il est devenu un « géant » grâce à ses travaux de recherche.

1969 André WALCH (1920-1993). Elève de DELCHEF, installé à Liège, il a cosigné le rapport du congrès de 1949 sur les funicalgies rachidiennes.

1970 André DANIS (1915-2011). Professeur à l’ULB, chercheur acharné et productif, attaché à l’Hôpital Universitaire Saint-Pierre à Bruxelles.

1971 Adhémar DE WULF (1916 ? -2006 ?), ancien assistant de VERBRUGGE travaillant à la Clinique Saint-Blaise à Termonde. Fondateur de la Société de médecine et de chirurgie du pied.

1972 Etienne DE DONCKER (1915-1988). Il a été formé initialement à Neerijse, il a été chef de service à la Clinique du Square Marie-Louise à Bruxelles après Paul-Victor DUPUIS et avant Richard BOUILLET. Il est l’auteur de travaux fondamentaux sur la physiologie du pied.

1973 Henri EVRARD (1920-2007). Elève et fidèle collaborateur de Georges DESENFANS, il a contribué à la transformation du Centre de traumatologie minière en un hôpital général. Il avait une adresse particulière dans la pose des fixateurs externes sur les fracas ouverts des accidents miniers. Il a développé la traumatologie de la main à un haut niveau.

1974 Jean-Pierre TOUSSAINT. Chirurgien à l’IMC de Schaerbeek. Formé à la chirurgie thoracique, il a choisi l’orthopédie au contact de BELENGER et de VANDER ELST.

1975 Hendrik CLAESSENS (1927-2003). Professeur à l’Université de Gand, successeur de Jean VERBRUGGE, il s’est intéressé et a développé la prise en charge des pathologies de l’épaule.

1976 Marcel SAUSSEZ (1921-2012). Formé à l’UCL, il a dirigé un important service privé à la Clinique Sainte-Anne à Anderlecht et fut médecin-chef d’un centre pour enfants handicapés à Vlezembeek.

1977 Marcel WATILLON (1922-2017). Elève de Paul-Victor DUPUIS, il fut un ardent défenseur de la chirurgie biomécanique de la coxarthrose et a dirigé un important service de stage à Charleroi.

1978 Robert de MARNEFFE (1919-2007). Professeur à l’ULB, très engagé dans l’international (SICOT), il fut longtemps un des piliers du bureau de la SOBCOT.

1979 Hector KINZINGER (1927-2006). Chirurgien à Bruges, ami de Pol BLAIMONT, rédacteur des Acta qu’il a tenus à bout de bras pendant des années.

1980 André VINCENT (1931 - ). Professeur et chef de service d’orthopédie à l’UCL de 1971 à 1996. Il a créé une école. Il a contribué à l’introduction de l’arthroplastie totale de hanche en Belgique et a développé une compétence particulière en chirurgie du rachis et en particulier de la scoliose.

1981 Paul MAQUET (1928 - ). Chirurgien militaire, élève de PAUWELS, brillant théoricien de la biomécanique, inventeur de l’avancement de la tubérosité tibiale antérieure pour traiter l’arthrose fémoro-patellaire.

1982/1983 Pol BLAIMONT (1932-2018). Professeur à l’ULB, il a fondé le Centre interdisciplinaire de biomécanique osseuse. Il a été l’initiateur de l’AOLF.

1984/1985 Robert THYS (1926-2015). Chirurgien à la Clinique Notre-Dame à Charleroi, il a créé un service et a largement contribué au rapprochement de la SOBCOT et de la BVOT.

1986/1987 Richard BOUILLET (1927- ). Chirurgien à la Clinique du Square Marie-Louise à Bruxelles, il fut un secrétaire général très actif et l’initiateur du COCOMAC.

1988/1989 Robert LITT (1928-2009). Chirurgien à Liège, orthopédiste ayant une large culture pédiatrique.

1990/1991 Jean LEWALLE (1930- ). Diplômé de l’ULg, élève de MERLE d’AUBIGNE, il est professeur émérite à l’UCL et le fondateur du service d’orthopédie à la Clinique Saint-Pierre à Ottignies dont il fut également le directeur médical.

1992/1993 Roger LEMAIRE (1937- ). Professeur à l’ULg, il fut le créateur du service d’Orthopédie de l’Université de Liège et l’artisan de l’internationalisation des Acta.

1994/1995 Jean DOCQUIER. Chirurgien de la Clinique Saint-Joseph à Mons dont il a développé le service d’Orthopédie.

1996/1997 Patrick VAN ELEGEM (1945- ). Chargé d’enseignement à l’ULB, chirurgien à l’Hôpital d’Ixelles, il fut secrétaire général de la SOBCOT.

1998/1999 Jean-Jacques ROMBOUTS (1941- ). Professeur à l’UCL, orthopédiste général ayant développé une compétence particulière en chirurgie de la main et en orthopédie pédiatrique. Il fut le vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins de 2012 à 2020.

2000/2001 Jean-Pierre GHOSEZ (1936- ). Maître de conférences à l’UCL, élève de Pierre LACROIX et de Jean CAUCHOIX, chirurgien réputé à Namur où il a développé la chirurgie de la hanche et du rachis après avoir fondé le service d’orthopédie du CHU UCL Mont-Godinne.

2002/2003 Jean-Marie BAILLON (1938-2019). Chirurgien des hôpitaux publics Bruxellois (Etterbeek et Ixelles).

2004/2005 Jacques MAGOTTEAUX. Orthopédiste pédiatre, professeur à l’ULg et chef de service à la Clinique de Libramont.

2006/2007 Philippe DELINCÉ (1949- ). Professeur à l’ULB, chef de service à l’Hôpital universitaire Saint-Pierre à Bruxelles. Il a développé la chirurgie arthroscopique du genou et participé activement aux travaux de l’ABA, société belge d’arthroscopie.

2008/2009 Fernand VAN INNIS (1945- ). Chef du service d’orthopédie de la Clinique Notre-Dame à Charleroi qui deviendra le Grand Hôpital de Charleroi, Maître de stage, spécialiste reconnu en chirurgie de la main et expert souvent désigné comme arbitre.

2010/2011 Philippe GILLET (1956- ). Professeur et Chef de service d’Orthopédie à l’Université de Liège. Il a développé une compétence particulière en chirurgie du rachis.

2012/2013 Frédéric SCHUIND (1956- ). Professeur à l’ULB, chef de service à l’Hôpital Erasme, formé à la recherche à la Mayo Clinic, spécialiste de la main et du membre supérieur.

2014/2015 Christian DELLOYE (1952-2019). Professeur à l’UCL. Il a contribué à l’amélioration de la prise en charge des tumeurs osseuses. Formé à la recherche au Canada, il a créé une importante banque d’os 

2016/2017 Alain HEBRANT (1960- ). Ancien chef du service d’orthopédie du Centre Hospitalier de l’Ardenne.

2018/2019 David ZORMAN (1956- ). Orthopédiste au CHIREC site DELTA ; Maître de conférences à l’ULB et Maître de stage à l’ULB et à l’UCL.

2020/2021 Everard MUNTING (1956- ). Chef de service à la Clinique Saint-Pierre à Ottignies, agrégé de l’enseignement supérieur auteur d’une thèse sur l’arthroplastie de hanche. Il s’est formé à la chirurgie du rachis chez KOSTUIK au Canada. Il préside simultanément Eurospine.

Après 100 ans d’existence, le prochain président sera pour la première fois une présidente : Nanni ALLINGTON. Elle a été formée initialement à l’UCL, puis a séjourné longtemps aux Etats Unis chez Dean MacEWEN à la Nouvelle-Orléans et chez Richard BOWEN à Wilmington. Elle pratique l’orthopédie pédiatrique, y compris la chirurgie des déformations rachidiennes au CHC MontLégia à Liège.

 

2.         LES MEMBRES DU BUREAU

 

 

 

3.         2020 ANNÉE DE LA RÉSILIENCE

 Message de fin d’année du Président, Everard MUNTING

 

Bruxelles, le 24 décembre 2020

 

Chers Collègues, chers Amis,

 

2020 restera certainement une année gravée dans les mémoires ! La pandémie aura touché certains au plus profond par la perte de proches qu’ils n’auront même pas pu accompagner dans leurs derniers jours. D’autres auront contracté la maladie de manière plus ou moins sévère. L’impact économique a été et sera dramatique pour bien des personnes et des familles. Pour la plupart d’entre nous, la pandémie aura fortement impacté notre activité professionnelle. Nous avons été amenés à postposer de nombreuses interventions chirurgicales pourtant nécessaires mais non strictement urgentes. Nos compétences n’étaient pas les plus utiles pour lutter contre la pandémie, autrement qu’en encourageant nos proches et nos patients à adhérer aux mesures d’hygiène et de distanciation. La pandémie nous a confrontés à la fragilité de notre civilisation, aux limites de nos connaissances et de notre capacité d’expliquer l’évolution très variable de la contamination entre pays et régions. Elle aura aussi montré notre résilience et en particulier celle des équipes médicales au chevet des malades. Que dire des scientifiques qui ont relevé l’extraordinaire défi de réaliser en moins d’un an la mise au point et la production à l’échelle planétaire de vaccins qui d’habitude nécessitent des années de recherches avant de pouvoir être appliqué à large échelle.

Malheureusement, les activités de notre Société Scientifique ont été significativement impactées par les mesures de confinement. Notre congrès national, Orthopaedica Belgica 2020, organisé par nos collègues néerlandophones sous la présidence de Jan NOYER, d’abord postposé dans l’espoir de le réaliser en présentiel, a finalement été converti en congrès virtuel mais d’excellente qualité. Nous avons cependant renoncé à notre cours d’automne qui entrait en compétition avec Orthopaedica Belgica.

2021 sera, espérons-le, l’année de la victoire sur le virus SARS-CoV-2 mais aussi celle du centenaire de la SORBCOT. Pour garantir un Congrès où nous pourrons nous retrouver autrement que par écran interposé, le Bureau de la Société, conseillé en cela par notre organisateur de congrès, a décidé de réorganiser le format du Congrès du centenaire. En effet, malgré l’avènement de plusieurs vaccins, personne ne sait quelle saute d’humeur l’empereur Covid19 nous réserve encore, et surtout quelles mesures sanitaires seront en vigueur au printemps. Nos sponsors, également durement impactés, ne pourront pas nous soutenir dans la même mesure que dans le passé. Le risque financier de l’organisation d’un congrès classique en 2021 est dès lors déraisonnable. Pour ces raisons, nous organiserons une réunion virtuelle d’une journée au printemps et une journée en présentiel, avec retransmission simultanée, durant l’automne 2021.

La réunion virtuelle de printemps sera diffusée à partir d’un studio où les orateurs seront présents, permettant des discussions et sessions de questions-réponses animées avec une qualité audio- visuelle optimale.   La réunion d’automne sera l’occasion d’enfin nous revoir en chair et en os et de dignement fêter notre siècle d’existence ! Ce sera aussi l’occasion de vous offrir le livre du centenaire de la SORBCOT, retraçant toute l’histoire de notre Société, rédigé par Jean-Jacques ROMBOUTS aidé par Jean ANDRIS, médecin et journaliste.

Vous êtes plus que jamais invités à participer à la vie de la SORBCOT, notamment en manifestant votre intérêt pour un poste au sein du bureau et en amenant à la société les plus jeunes. Le secrétaire général (e-mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ) est à votre disposition pour tout renseignement et pour recevoir les candidatures en vue de l’assemblée générale du 30 janvier 2021.

En attendant ces heureuses perspectives, tous les membres du Bureau de la SORBCOT vous souhaitent d’excellentes fêtes de fin d’année et surtout une belle année 2021 !

Le mot de la fin est laissé au Président interrogé sur le futur de la Société.

 

4.         LE FUTUR DE LA CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE

 

Que sera la chirurgie orthopédique et traumatologique de demain ? Les prémisses de cette évolution sont déjà bien présentes ! Les changements seront sûrement spectaculaires et affecteront notre pratique à toutes les étapes.

D’emblée, je devrais plutôt parler de la prise en charge des pathologies de l’appareil locomoteur. En effet, comme dans d’autre domaines de la chirurgie, bien des traitements chirurgicaux feront place à des traitements médicamenteux, biologiques, géniques ou régénératifs, de plus en plus ciblés et spécifiques, permettant d’éviter de recourir à la chirurgie. L’exemple de la polyarthrite rhumatoïde en est éloquent : les nombreuses indications chirurgicales pour traiter ses ravages articulaires au niveau de la main, des grandes articulations, de la colonne cervicale, fréquentes quand j’étais assistant et jeune chirurgien, sont devenues rarissimes en moins de trois décennies, grâce à l’avènement des traitements biologiques, notamment les anti-TNFs.

Sans aucun doute, lorsque nous aurons compris la physiopathologie de la scoliose idiopathique de l’adolescence, le chemin s’ouvrira pour une thérapie génique ou biologique coupant court à la progression de la maladie. Nos corsets et surtout nos grandes arthrodèses paraîtront particulièrement barbares à nos successeurs lointains ou qui sait, proches. Imaginons un instant que la dégénérescence du collagène puisse être traitée ou prévenue !

Il restera cependant toujours de la place pour la chirurgie orthopédique et la traumatologie ne disparaîtra jamais totalement, même si l’ostéoporose venait à disparaître grâce à un traitement miraculeux !

L’évolution concernera tous les domaines de la chirurgie orthopédique et toutes les étapes du traitement, de l’indication jusqu’au suivi à long terme en passant bien sûr par le traitement lui- même, chirurgical ou non.

Pour un certain nombre de pathologies orthopédiques, l’indication du traitement chirurgical est fondée sur une évidence solide et est associé à d’excellents résultats reproductibles. Il reste cependant bien des pathologies, et je pense en particulier aux affections du rachis, où tant l’indication chirurgicale que la technique la plus appropriée, restent sans réponse univoque, tandis que la probabilité d’un résultat satisfaisant et durable reste souvent à un niveau trop faible.

Bientôt, l’indication opératoire devra impérativement se fonder sur des données scientifiques solides, prouvant la sécurité de la procédure et la qualité des résultats mais les coûts associés devront aussi s’inscrire dans une cadre bien précis. Quant à définir le coût raisonnable d’une intervention améliorant la qualité de vie et éventuellement la durée de vie d’une personne jeune ou âgée bien des débats éthiques nous attendent encore !

La notion de QALY (quality-adjusted life year) ou encore – année de vie pondérée par la qualité de vie – essaie de répondre à cette question. Un QALY de 1 indique une année en bonne santé, sa valeur se dégrade avec la diminution de qualité de vie et tombe à zéro si la personne décède. A cette année de notre existence en bonne santé, est attribué une valeur monétaire, très variable d’un pays à l’autre : 150.000 $ aux États-Unis, 80.000 € aux Pays-Bas, 40.000 € en Belgique… Cette notion est déjà utilisée pour déterminer le coût maximal « raisonnable » d’un traitement pour une personne donnée, tenant en compte son espérance de vie et du bénéfice escompté en termes de qualité de vie apportée par le traitement. Si on peut – et on doit – discuter le bien-fondé de cette approche, il est certain que les caisses de la sécurité sociale ont elles, un volume bien défini que l’électeur et donc le politique, ne souhaite pas laisser grandir de trop ! Sous une forme ou une autre, le QALY fera partie de l’équation thérapeutique.

Mais revenons à des notions plus médicales. Nous souhaitons tous offrir d’excellents résultats à nos patients. Connaître nos résultats et nos complications est la base pour pouvoir les améliorer ! Cette évidence reste malheureusement peu appliquée car il n’est pas si simple de documenter les fruits de notre travail. Prouver la qualité, la constance et la durabilité des résultats de nos interventions ne peut se faire que par l’analyse systématique et continue de ces résultats, tels que perçus, non seulement par le soignant, mais surtout par le soigné !

Les outils existent. Ce sont les registres qui récoltent au niveau régional, national ou international, des données structurées au sujet du patient, de sa pathologie, des traitements mis en œuvre et des résultats obtenus. Pour cette évaluation par le patient, des questionnaires validés existent pour de nombreuses pathologies de l’appareil locomoteur. Leur mise en œuvre et leur utilisation demandent cependant un financement spécifique et une volonté commune de la part du politique, du soignant et de la personne soignée pour constamment alimenter les bases de données. Dans les pays scandinaves où les registres sont implémentés, le coût de ces efforts a été largement compensé par l’application de l’évidence qui en est ressorti. Les traitements ou les techniques inopérantes, voire dangereuses ont été abandonnées, tandis qu’à efficacité équivalente, le traitement le moins coûteux est seul appliqué. Les registres ont également permis d’identifier précocement des implants moins performants ou à durée de vie moins longue avant qu’ils ne provoquent des échecs prématurés en grands nombres. Appliqués à l’échelle européenne, des registres de qualité permettraient d’accélérer considérablement les connaissances et les progrès et ainsi de limiter les dépenses. Le patient y gagnera une information beaucoup plus précise quant aux risques encourus, la probabilité et le degré d’amélioration qu’il peut espérer de l’intervention. Enfin, les praticiens pourront également, à titre individuel, comparer leurs résultats au groupe et s’améliorer ou modifier leur technique si nécessaire.

Les registres accumuleront les données concernant tous les aspects de la pathologie de milliers de patients, avec toutes les caractéristiques en termes de comorbidités et les résultats de différents traitements. Cela permettra la genèse d’algorithmes définissant la meilleure attitude thérapeutique pour un patient en particulier.

Au niveau des interventions chirurgicales elles-mêmes, une fois l’indication confirmée sur base d’évidence, la réalisation devra atteindre un niveau de sécurité maximal. La prévention de toutes les complications propres à n’importe quelle intervention – infection, thrombo-embolie, erreur de niveau, de côté ou de personne (!) – a connu des progrès considérables avec l’application quasi systématique des protocoles de l’OMS pour la sécurité au bloc opératoire et à l’hôpital.

Les meilleures connaissances de la physiopathologie et de la normalité d’un organe donné permettent une planification précise de l’objectif à atteindre, que ce soit dans le placement d’une prothèse, la correction d’un axe ou d’un équilibre ou la résection précise en territoire sain d’une tumeur.

Les progrès dans la précision du geste et la réduction du traumatisme chirurgical sont en marche. La navigation des instruments par rapport à la structure anatomique est réalisée de manière assez routinière. La visualisation exacte, peropératoire et tridimensionnelle de la position d’un implant est possible. Le coût des appareils nécessaire reste très, voire extrêmement élevé. Il reste difficilement accessible à l’hôpital général, qui pourtant pratique de manière routinière des interventions où cette technologie serait tout à fait utile et raisonnable à utiliser. Je pense à la traumatologie, la chirurgie prothétique, la chirurgie du rachis où le résultat exact de la procédure et le positionnement d’éven- tuels implants n’est visualisé qu’après l’intervention, parce qu’une complication est suspectée ! L’accès routinier à ces équipements nécessitera sans doute une refonte en profondeur de notre système de sécurité sociale. Le coût en souffrances causé par des complications évitables ne semble pas un argument suffisant pour permettre le financement de ces appareils. Espérons que le coût financier exorbitant lié à aux complications convaincra les décideurs à considérer que la sécurité des patients mérite un financement structurel.

Les grandes incisions, qui selon l’ancien adage faisait les grands chirurgiens (!) se sont heureuse- ment progressivement réduites pour souvent devenir des mini-abords et en partie de la chirurgie endoscopique. Déjà routinière pour le genou, l’épaule, la hanche, elle est déjà la règle en Asie pour de nombreuses interventions au niveau du rachis. Là de nouveau, le financement du matériel à usage unique doit suivre et n’est pas encore acquis en Belgique en ce qui concerne le rachis. Pourtant, le raccourcissement souvent spectaculaire de la durée de séjour et la possibilité de procédures en hôpital de jour compenseraient largement le surcoût en équipement. Il est cependant essentiel que la réduction du trauma chirurgical ne se fasse au prix de la qualité du geste à faire.

La robotisation permettra une précision impossible à atteindre à main nue. Dans quelle mesure ceci permettra d’améliorer les résultats cliniques reste à démontrer.

Un fait est certain, si la salle d’opération de demain comportera encore plus d’écrans et moins de personnes au contact direct du patient, aucun appareil, aucun chirurgien aussi brillant soit-il, ne compensera une mauvaise indication chirurgicale. La planification préopératoire prendra une importance primordiale dans le choix et la mise en œuvre de l’intervention.

Les progrès sont en marche, les moyens sont là. Il nous revient à tous de poursuivre notre formation durant toute notre carrière. Les Sociétés Scientifiques jouent un rôle essentiel à cet égard et ne doivent pas être remplacées par des sociétés commerciales pour cet enseignement. Il est aussi essentiel de garder un esprit critique et indépendant de tout conflit d’intérêt, pour distinguer un effet de mode d’un tournant décisif dans le traitement d’une pathologie. Pour cela, les études prospectives randomisées restent l’étalon d’or, avec à plus long terme, les données des registres. Certains d’entre nous, dont les plus jeunes, devront aussi s’investir dans les sociétés scientifiques et auprès des organismes compétents pour assurer la promotion et le financement d’une chirurgie orthopédique de grande qualité. Le futur est brillant mais l’objectif est en constante progression !

 

 

 

Références

1          BOUILLET R. Soixante années de l’histoire de la Société belge d’Orthopédie vues par les secrétaires généraux. Acta Orthop Belg. 1982 ; 48 : 27-41 (Recueil administratif).

2          de MARNEFFE R. Historique de la Société Belge de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie. Acta Orthop Belg.

1998 ; 64 suppl. II : 4-15 (Recueil administratif).

 

 

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